ARIANE- artiste peintre
VÉRONIQUE - avocate
MAGALI - religieuse
MARIE- scientifique
CAMILLE - philosophe
GÉRALDINE – députée
Rappel : Ariane, Véronique, Marie et Camille ont entre 30 et 40 ans, font partie de la même classe sociale aisée et cultivée, sont élégantes et sportives. Presque toutes se connaissent, parfois de longue date. Elles se sentent belles et leur port l'exprime. Marie est un peu enveloppée, mais n'a pas de complexes à ce sujet. Elle est de Marseille et dans le Sud on sait qu'un peu de graisse embellit la fesse.
Géraldine est un peu plus âgée, mais pas très différente.
Magali est plus jeune, environ 25 ans, très jolie ce qui rend crédible l'histoire qu'elle raconte. Elle a l'énergie de son âge et évolue rapidement vers une certaine sagesse.
Ariane - artiste peintre vit dans son monde de créatrice. Elle sait apprécier la qualité humaine, rendre hommage à celle de ses amies, sans pour autant montrer de la servilité. Aime l'insolite et l'humour.
Ainsi invitera-t-elle au dîner avec ses amies, venues plaisanter sur les "âneries" masculines, son modèle Guy qui devra les écouter nu, sous la nappe de la table. (En réalité, il n'y sera pas, mais c'est un secret et doit le rester.)
Elle semble à l'aise par rapport à la sexualité et ne cache pas que dans sa jeunesse elle a fait les quatre cent coups.
Indépendante d'esprit elle se prêtera au jeu de mime tournant en dérision les catholiques.
Dans une autre scène, elle évoque ses origines alsaciennes qui expliquent sans doute son amour de la bonne cuisine.
Elle participe activement à la soirée, sans se mettre sur le devant de la scène. Toutefois, quand c'est nécessaire, elle remet de l'ordre dans son déroulement.
Véronique - avocate côtoie la misère humaine, sait comprendre les autres et compatir à leur difficultés. Elle éveille confiance. Posée, elle peut surprendre par une pique. Tout en se montrant ouverte et tolérante, elle peut se fâcher quand ses intérêts, ou simplement son image sont en jeu. Au premier affront, pourtant minime, elle se montre prête à abandonner sa protégée.
Elle est mariée, mais pourrait aussi aimer les femmes. Est-ce la raison pour que dans son travail elle ne défende que des clientes ?
Elle n'est pas très tendre avec l'église. Elle critique les lois rétrogrades fondées sur le Code de Napoléon. Toutefois, elle n'est pas une polémiste, au contraire, elle tente toujours d'atténuer les conflits.
Elle a de l'imagination et aime la fête et l'amitié : c'est elle qui suggère d'organiser un banquet réunissant tous les personnages.
Magali - ex-religieuse,ou prétendue telle, jeune femme passionnée qui a connu la souffrance. Véronique a gagné sa confiance, elle se laisse donc convaincre de s'en ouvrir aux autres. Élevée dans la foi catholique sans pour autant devenir croyante, elle a beaucoup réfléchi sur les religions et si elle ne s'attaque pas à la foi en tant que telle, elle s'exprime contre tous les dogmatismes.
Au début de la pièce elle paraît intimidée par le statut social des autres personnages, qui, de surcroît, ont l'air de se connaitre. Peu à peu, elle montre de l'assurance au point de pouvoir être ironique par rapport à ses hôtes qui lui semblent pétries de certitudes. Elle finit par se dévoiler, dans les deux sens du terme. On verra que, contrairement aux apparences, elle assume sa féminité avec joie et un brin de provocation.
Elle n'aime pas les "machos", mais rappelle que les femmes peuvent formuler des idées absurdes sur les hommes, idées que ces derniers peuvent considérer comme leurs "âneries" à elles. Elle n'oublie pas non plus que, souvent, se sont les femmes qui mettent en pratique les pensées aberrantes des hommes sur les femmes.
Camille - philosophe, féministe convaincue, se veut de gauche.
Hargneuse, querelleuse et passablement dogmatique, elle attaque bille en tête Géraldine, députée de droite, et toute pensée qu'elle considère comme réactionnaire.
Entendre des citations contestant les églises ne peut que lui plaire.
Elle n'hésite pas de railler ses collègues philosophes « machos ».
Elle surprendra tout le monde en admettant d'abord que les femmes ne sont pas tout à fait innocentes dans l'oppression qu'elles subissent, puis vers la fin quand elle se moquera, au nom du féminisme, de Sartre et de Simone de Beauvoir, pourtant de gauche. (Elle le fait d'autant plus facilement qu'elle est communiste, ou sympathisante communiste, tandis que Sartre, lui, était maoïste, donc « ennemi ». Les guerres de clocher peuvent être presque aussi violentes que les guerres tout court).
Elle s'autorise des jugements sévères parce qu'elle est convaincue que la société a besoin d'esprits critiques.
Marie - biologiste, connue pour être féministe, elle aussi, n'hésite pas à se moquer des âneries anti-féminines de certains de ses prédécesseurs, aussi bien que de ses contemporains. Cela ne l'empêche pas de croire en la science et de la défendre.
Elle est du Sud et joue de son accent avec humour. Facétieuse, elle aime chanter, raconter des aphorismes et des blagues, y compris "macho". Parfois elle s'autorise une pointe d'ironie. En entendant que pour Diderot les femmes puent, elle asperge tout le monde de parfum - ou de désinfectant. Dans une autre scène, elle s'amusera à mimer, avec Ariane, le comportement d'une épouse soumise qui suit à la lettre les préceptes d'une parodie de Manuel catholique de 1960.
Géraldine - députée, bourgeoise comme les autres héroïnes (sauf Magali), mais un peu plus âgée. Habile politicienne, elle tente de caresser tout le monde dans le sens du poil.
Elle est entrée en politique pour défendre les valeurs morales traditionnelles de la droite modérée et souffre quand elle se heurte à la férocité de ses collègues masculins qui n'ont que faire de la pureté de ses intentions.
Elle n'arrive pas à éviter toute polémique avec Camille ce qui provoque des attaques et agressions de cette dernière. Géraldine résiste tant bien que mal et finit par rendre à Camille la pièce de sa monnaie. Leurs relations s'enveniment - jusqu'à l'amorce, inattendue, d'une inversion.