Toutes ces âneries sur les femmes

 

... que les hommes ont pu écrire depuis la nuit des temps.

 

Pièce de théâtre de Peter Bu

en collaboration avec Benoît Vitse.

 ( © Peter Bu )

 

Dessin à l'en-tête: Philippe Bissières

 

Merci de voir aussi

Pensées agaçantes (?) sur les femmes - et les hommes.

Faites rire votre téléphone - il vous le rendra

Les francs-maçons arrêtés au milieu du gué

(voir ci-contre)

 

 

Nombre de lecteurs depuis le 12/8/13. Merci à tous.

 

 

Personnages

 

ARIANE- artiste peintre

 

VÉRONIQUE - avocate

 

MAGALI - religieuse

 

MARIE- scientifique

 

CAMILLE - philosophe

 

GERALDINE - députée

 

 

Ariane, Véronique, Marie et Camille ont entre 30 et 40 ans, font partie de la même classe sociale aisée et cultivée, sont élégantes et sportives. Presque toutes se connaissent, parfois de longue date. Elles se sentent belles et leur port l'exprime. Marie est un peu plus enveloppée, mais cela ne lui donne pas de complexes. Elle est de Marseille et dans le Sud on sait qu'un peu de graisse embellit la fesse.

 

Géraldine est plus âgée, mais pas très différente.

 

Magali est plus jeune, environ 25 ans, très jolie ce qui rend crédible l'histoire qu'elle raconte. Elle a l'énergie de son âge et évolue rapidement vers une certaine sagesse.

 

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Imprimez les noms et professions des personnages ou, mieux, leur description détaillée (voir au sommaire ci-contre l'onglet Caractères des personnages ): vous vous orienterez plus vite dans la pièce. (Dans ce cas, vous pouvez éventuellement ne pas lire la première scène. Cependant, lisez la note après la dernière replique de Magali.)

....

 

Pour voir la liste de mes livres, voyez l'onglet correspondant ci-contre.

 

 Merci d'exprimer votre avis sur la pièce

à la fin du texte.

 

 

 

 

Scène 1

 

La première scène se déroule au cours du vernissage de l'exposition d'Ariane Heulot, plasticienne. Le public est composé uniquement de femmes.

 

GERALDINE- Ariane, franchement, c’est très réussi. Quand j’ai reçu votre carton d’invitation, je ne pensais pas assister à une exposition d’un tel niveau.

 

ARIANE- Merci d’être venue, et merci de votre compliment.

 

GERALDINE- Je suis sincère. Je regrette qu’il y ait peu de monde…

 

ARIANE- Pas de chance, il y a un grand match de foot ... Je n’ai pas prévu cette «concurrence déloyale».

 

GERALDINE- Ah, c’est donc pour cela qu’il n’y a pas d’hommes?

 

ARIANE- Oui, et puis aussi parce qu’une artiste femme, vous savez… Il faut vraiment assurer, avec les canapés, pour faire venir ces messieurs.On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre.

 

GERALDINE- On en est encore là!

 

ARIANE- Tenez, je vais vous lire la critique de Guillaume Marin. Il n’a jamais vu mes tableaux, il s'est permis de juger de leur qualité d’après mon site sur internet ! Il a écrit:

 

Ariane Heulot est une ravissante petite artiste qui compose des pastels extrêmement réussis, agréables à l’œil et qui orneraient avec bonheur bien de salles à manger.

 

Vous voyez: la cause des femmes avance. Aujourd'hui nous sommes capables de tapisser les murs!

 

GERALDINE- Vous savez, quand je suis devenue députée, on m’a dit, dans mon propre parti, que j’avais pris la place d’un homme. C'est ça, leur parité.

 

ARIANE- Vous venez de le dire: on en est encore là…

 

Puis-je vous présenter une grande amie qui m’a toujours soutenue, même et surtout dans les moments difficiles? Madame la députée, voici Véronique Fernandez, une redoutable avocate.

 

GERALDINE- Enchantée. Nous regrettions le peu de présence masculine…

 

VERONIQUE- Je me fais l'avocate du diable: il y en a quand même un ici.

 

GERALDINE- Où est donc cette perle rare?

 

VERONIQUE- Eh bien, sur ce tableau: Nu à la girouette.

 

GERALDINE- En effet. Dois-je avouer que c’est l'un de mes préférés?

 

ARIANE- Si vous saviez les difficultés pour faire poser ce modèle! Pour peindre, je me mets à l’aise, je ne porte qu’une chemise. Il voulait que je m’habille «correctement» parce qu’il craignait de gâcher le tableau avec une érection! Je lui ai dit de ne pas se vanter, je le payais pour se tenir tranquile.Nous avons eu quand même droit à un beau phallus au « garde à vous ».

 

Avec un garçon, c’est tout de suite compliqué. On a l’impression qu’un homme nu, ça ne peut pas être naturel. Quand je demande aux filles de poser nues, elles ne posent jamais de problème.

 

VERONIQUE- Au contraire, les filles, on claque à peine des doigts et hop, elles sont à poil : au théâtre, au cinéma, dans la publicité, sans parler de la vie courante...

 

MARIE- (s’approchant) Ariane, avant de prendre congé, je voulais te redire à quel point tu peux me faire plaisir. A chaque fois tu me surprends, tu me donnes des émotions de plus en plus fortes…

 

ARIANE- Voilà Marie, toujours fidèle et toujours positive. Je te présente à Madame la députée Géraldine Aillot.

 

MARIE- Oh là, une députée! Ariane, continue comme ça et tu vas percer!

 

ARIANE- Véronique, Marie, je crois que vous ne vous connaissez pas...

 

            VÉRONIQUE et MARIE se saluent.

 

GERALDINE- Aussi désuet que cela puisse paraître, quand je suis invitée à une exposition, je m'y rends. Je n'ai pas de mérite, j’aimais la peinture avant de connaître le monde politique. Et mon admiration pour le travail d'Ariane ne lui rapportera malheureusement rien, si cela peut vous rassurer.

 

ARIANE- Marie est chercheuse au C.N.R.S. Elle vient de recevoir le Prix Joliot - Curie dans la catégorie Femme scientifique de l’année. Biologiste et engagée en faveur des femmes dans la recherche. Enfin, elle est Marseillaise et fière de l'être.

 

MARIE- (en marseillais) Oh, teste d'aï, écoute un peu quand je te parle, un coup de genou dans les alibofis, ça calme.

 

ARIANE- Tu nous traduis?

 

MARIE- (en marseillais) Eh, Ariane, tu veux me mettre la honte ou quoi! (Elle se garde bien de traduire son propos devant la députée dont elle vient de faire connaissance. Un Marseillais aurait comprit: Eh, tête d'âne, écoute un peu quand je te parle. Un coup de genou dans les couilles, ça calme.)

 

GERALDINE- Je ne me doutais pas qu’il y avait ici tant de talents.

 

ARIANE- Vous n’avez pas encore tout vu! Finalement, il se pourrait bien que je sois la moins douée! Camille! Camille, peux-tu venir une minute? Alors, elle, c’est une pointure. Camille Jourdain, philosophe, reconnue désormais dans toute l’Europe qui pense!

 

GERALDINE- (à Camille) On se connaît. Je me demande toujours qu’est-ce que philosopher au féminin?

 

CAMILLE- Oui, on se connaît. Et vous savez parfaitement que je ne partage pas vos convictions. Je combattrai vos idées tant qu’il me sera permis de le faire. Quant à la philosophie, au féminin ou pas, elle ne se digère pas entre deux coupes de champagne...(En se tournant vers Ariane) Je suis venue ici en voyeuse, en «regardeuse», comme aurait dit Marcel Duchamp, rien de plus.

 

GERALDINE- Eh bien, voilà au moins quelque chose qui nous rassemble: moi aussi, je suis venue en simple spectatrice d’une formidable exposition qui n’a pas dérangé le moindre public mâle.

 

CAMILLE- Et c’est bien injuste! Vous avez raison sur ce point. Je vous le concède, mais...

 

VÉRONIQUE s'interpose:

 

VERONIQUE- Attendez, Mesdames, vous aurez tout votre temps pour vous quereller: il me vient une idée! Aujourd’hui, les hommes sont absents et les absents ont toujours tort. Si nous organisions un banquet juste entre nous? Un banquet comme on en faisait chez les Grecs anciens ou dans l'Italie de Boccaccio, autour d'un sujet qui nous amuserait. Pour dire ce que nous pensons, pour penser ce que nous ressentons, et aussi pour nous réjouir de cette camaraderie qui anime les femmes. Je vous propose un thème: Toutes les âneries sur les femmes que les hommes ont pu écrire depuis la nuit des temps. Mais attention, il faudra que chacune intervienne avec un discours pointu. Qu’en dites-vous?

 

MARIE- Moi, je suis preneuse!

 

GERALDINE- Moi aussi, je vote pour.

 

CAMILLE- Pardonnez-moi, j’ai trop de divergences politiques avec Madame la députée pour entrevoir la moindre camaraderie.

 

VERONIQUE- Tant mieux si vous n'êtes pas d’accord, politiquement, socialement, moralement, peu importe. Ce ne serait pas très drôle si nous pensions toutes la même chose.

 

CAMILLE- Va pour le banquet, il n'y pas que Platon qui sait allier bonne cuisine et philosophie.

 

ARIANE- Je suis fière d’avoir été l’occasion d’un tel projet. Je vous invite.

 

VERONIQUE- C'est sympa. Merci, Ariane.

 

Résumons-nous: un banquet, des discours… On se laisse un mois pour nous préparer. En un mois, chacune devrait pouvoir nourrir sa contribution par suffisamment de bêtises que les hommes ont proférées sur nous.

 

CAMILLE- Je peux demander à mes étudiantes de nous aider à faire des recherches.

 

VERONIQUE- Super ! On se voit dimanche pour nous organiser? Je vous invite chez moi vers 5 heures.

 

MARIE- Une minute ! Il nous faudrait aussi un homme.

 

CAMILLE- Mais pourquoi faire?

 

 

 

 

MARIE- J'y tiens. Un homme nu!

 

TOUTES- Un homme nu...?!

 

MARIE- Pour nous souvenir que cette idée nous est venue à l’occasion de l'exposition d'Ariane, devant son tableau Nu à la girouette.

 

VERONIQUE- Finalement... il serait effectivement intéressant qu’un homme entende toutes les balivernes que ses semblables ont pu écrire sur nous. Un homme-témoin en quelque sorte.

 

ARIANE- Donc, je fais venir mon modèle?

 

CAMILLE- Si nous sommes toutes d’accord…

 

ARIANE- Lui, il le sera: je le paierai comme pour une séance de pose.

 

MARIE- Merci, Ariane.

 

ARIANE- Il se fait tard, il ne viendra plus personne. Je pense que je pourrais fermer la galerie. Toutefois, il reste une jeune femme qui détaille mes tableaux depuis une heure. Je ne voudrais pas la chasser…

 

MARIE- Et si nous l’invitions à notre banquet? On ne cherche pas à savoir qui elle est. Ariane, si elle sait goûter ton art (avec l'accent marseillais) cela ne peut pas être une coucourde (=citrouille, quelqu'un de bête).

 

VERONIQUE- Bonne idée, mais comment l’inviter sans que cela ne paraisse un peu cavalier?

 

ARIANE- Mademoiselle? S’il vous plaît.

 

MAGALI- Oui?

 

ARIANE- Mademoiselle, excusez-nous, mes amies et moi, nous sommes intriguées: vous observez les tableaux avec tant d’attention…

     

MAGALI s'approche d'un pas détendu. Tous ses mouvements sont déliés.

 

MAGALI- Cela vous étonne...?

 

CAMILLE- L’art doit créer un choc, c’est dans sa mission. Vous ne croyez pas?

 

MAGALI la scrute - et son attitude change. C'est à peine perceptible, mais finalement, ne serait-elle pas un peu gourde? (Ce changement insinue qu'elle a décidé de jouer le rôle d'une «nouille».)

 

MAGALI- Si vous le dites… Je ne suis pas du tout spécialiste. Je suis entrée ici un peu au hasard, après un cauchemar…

 

VERONIQUE- Écoutez, nous sommes en train d’organiser un banquet pour "célébrer" les textes les plus absurdes que les hommes ont écrits sur les femmes. Est-ce que vous accepteriez de vous joindre à nous? Nous serons entre nous.

 

MAGALI- Un banquet? Pour parler des hommes? Je n'en serais pas capable… Vous savez, je suis religieuse…

 

VERONIQUE- Ah, excusez-nous alors de vous avoir dérangée.

 

MARIE- (avec accent marseillais) Peuchère, une nonnette! C’est ce qu’il nous manquait. Je suis doublement preneuse.

 

GERALDINE- Comment se fait-il que vous ne portez pas l’habit?

 

MAGALI- J’ai dû y renoncer pour des raisons personnelles.

 

CAMILLE- Mais encore?

 

ARIANE- Ce sont des raisons personnelles, cela doit nous suffire.

 

VERONIQUE- Écoutez, moi, je suis avocate et les raisons personnelles, je les défends du matin au soir…

 

Elle prend Magali par les épaules et l'entraîne un peu de côté pour la convaincre.

 

Soyez sans craintes.

 

Tout en s'adressant à Véronique, MAGALI parle assez fort pour que les autres l'entendent.

 

MAGALI- C'est facile à dire...

 

Bien, puisqu’il faut tout avouer, j’ai fauté. Et qui plus est, avec un prêtre. J’ai détourné un prêtre de son serment et j’ai fauté avec lui. Un confesseur. C’est lui qui a… Oui, bien sûr, c'est lui qui a fait le premier pas, mais j’ai accepté. Voilà, mon drame. Alors, je me suis dit que je n’étais plus digne de porter l’habit religieux.

 

VERONIQUE- Et lui, il le porte encore?

 

MAGALI- Lui, bien sûr, il faut bien que quelqu’un dise la messe.

 

Noir. Toutes les scènes se terminent d'un seul coup. Le rideau tombe, ou bien la scène est fermée par un écran de cinéma. Ce rideau-écran peut aussi sortir de la fosse d'orchestre comme au théâtre grec antique.

 

Après un instant pourrait être projeté sur cet écran un dessin de Wolinski du livre Les droits de la femme, ou bien d'un autre dessinateur ou de photographe d'humour approprié, Dubout, Reiser, Chaval, Geluck, Stepan, Büttner...

 

A partir de cette scène jusqu'à la fin de la pièce un de leurs dessins peut être montré à chaque chute (ou montée) du rideau. Toutefois, avant de les utiliser dans le cadre d'une représentation ou d'une édition il faut s'assurer de l'accord des ayant droit.

 

Ici, pour laisser à l'équipe le temps de changer les décors, on peut projeter, après l'image, la liste des mots de Benoist Magnat:

 

 

Le français, vraiment, c’est pas compliqué !

 

* Un gars : c’est un jeune homme

* Une garce : c’est une pute

 

* Un courtisan : c’est un proche du roi

* Une courtisane : c’est une pute

 

* Un masseur : c’est un kiné

* Une masseuse : c’est une pute

 

* Un coureur : c’est un joggeur

* Une coureuse : c’est une pute

 

* Un professionnel : c’est un sportif de haut niveau

* Une professionnelle : c’est une pute

 

* Un homme sans moralité : c’est un politicien

* Une femme sans moralité : c’est une pute

 

* Un entraîneur : c’est un homme qui entraîne une équipe sportive

* Une entraîneuse : c’est une pute

 

* Un homme à femmes : c’est un séducteur

* Une femme à hommes : c’est une pute

 

* Un homme public : c’est un homme connu

* Une femme publique : c’est une pute

 

* Un homme facile : c’est un homme agréable à vivre

* Une femme facile : c’est une pute

 

* Un homme qui fait le trottoir : c’est un paveur

* Une femme qui fait le trottoir : c’est une pute

 

* Un péripatéticien : c’est un élève d’Aristote

* Une péripatéticienne : c’est une pute

 

Journal Die Zelt: "Fin de l'homme blanc"

 

 

Scène 2

 

Une cave au milieu de laquelle est dressée une table et six chaises. S'agit-il d'une belle cave gothique? Ou bien rappelle-t-elle le ventre maternel, ou le sexe féminin? Est-ce une cave qui s'ouvre sur des couloirs de labyrinthe? Ou encore, y a-t-il sur le mur du fond le dessin d'un crâne humain entouré de trois bougies allumées? Dans ce cas, la table ne serait pas couverte, mais y trônerait une belle miche de pain et une cruche d'eau.

 

La nappe tombe jusqu’au sol. Les couverts sont en place, les hors d'oeuvres, les fromages, les desserts, les fruits sont prêts sur les tables de desserte, les boissons à portée de main. Les plats chauds seront apportées d'un espace voisin. Le dîner peut commencer.

 

Au début de la scène, seules CAMILLE et MARIE sont présentes.

 

CAMILLE- Cette cave, c’est vraiment une riche idée! Elle nous promet une Cérémonie fastueuse dans un souterrain, comme disaient les surréalistes.

 

MARIE- Je savais qu’Ariane nous dénicherait l’endroit qu'il fallait.

 

CAMILLE- Être dans une cave me fait penser au mot magique des alchimistes (elle épele) V.I.T.R.I.O.L., VITRIOL. J'adore répéter la phrase cachée dans ce sigle, elle sonne si mystérieusement: Visita Interiora Terrae Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem.

 

Traduite en langage courant, elle signifie à peu près Descends dans les profondeurs de la terre et, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. Les alchimistes cherchaient la lumière au fond d'eux-mêmes.

 

MARIE- Mon premier amoureux était philosophe, lui aussi, mais il voulait chercher la lumière plutôt au fond de moi...

 

CAMILLE- Marie, cela me fait penser à votre proposition d’un homme nu.

 

MARIE- N’est-ce pas aussi « une riche idée »?

 

CAMILLE- Sur le coup, j’étais d’accord, mais non. Cela tient de la vengeance malsaine. Vous imaginez : six femmes et un type nu qui ne sait pas trop comment se tenir… Il ne va quand même pas nous servir à table!

 

MARIE- Non, tout de même pas, nous sommes capables de nous servir nous-mêmes.

 

CAMILLE- Ridiculiser le discours des hommes sur les femmes d’accord; humilier un pauvre bougre, pourquoi faire? Je n’en vois pas l’idée-force.

 

Entre ARIANE.

 

MARIE- Voilà Ariane. Elle nous dira ce qu’elle entend faire.

 

Ariane, Camille s'inquiète pour ton petit jeune homme. Elle craint qu’il ne prenne froid dans cette cave.

 

CAMILLE- Et puis, sa présence n’a pas beaucoup de sens.

 

ARIANE- Vous connaissez le tableau de Manet, Le déjeuner sur l’herbe. Quel sens trouvez-vous à la nudité de la femme au premier plan, alors qu’une autre, en arrière-fond, se baigne en chemise?

 

CAMILLE- Voilà, nous n'en sortons pas: un chef d’œuvre pour "Môsieur" Manet, tandis que nous nous cantonnons dans une vengeance malsaine.

 

MARIE- Ce n’est peut-être pas entièrement faux: il ne suffit pas de prendre le contre-pied pour faire avancer les idées!

 

Arrivée de VÉRONIQUE et GÉRALDINE. Toutes se font la bise, sauf CAMILLE et GÉRALDINE qui se serrent froidement la main.

 

ARIANE- J’ai bien peur que notre bonne-sœur nous fasse faux bond.

 

VERONIQUE- Pourtant, j’ai bien discuté avec Magali, l’autre soir. Elle m’a dit qu’elle était partante. Je lui ai demandé de venir en religieuse.

 

MARIE- Je trouve que vous jouez un peu trop avec cette fille, elle doit être complètement dépassée…

 

GERALDINE- Je suis sûre qu’elle est terrorisée par cette soirée!

 

VERONIQUE- Mais non, rassurez-vous, c'est quelqu'un qui a de la jugeote, et je pourrais même penser qu’elle aime la provocation. C’est pourquoi elle s’attardait tant sur les tableaux d’Ariane. En réalité elle panique devant sa propre audace. Vous verrez, elle en étonnera plus d’une ici.

 

ARIANE- Asseyons-nous.

 

TOUTES prennent place à table.

 

GERALDINE- Et votre homme nu?

 

ARIANE- Il est là.

 

GERALDINE- Où ça?

 

ARIANE- Sous la table.

 

CAMILLE- Alors là, c’est exagéré!

 

ARIANE- Évidemment.

 

Une fille nue sous la table et ces messieurs libèrent leurs fantasmes, et peut-être même leurs braguettes, mais nous, nous savons nous tenir, n’est-ce pas?

 

CAMILLE-Pour moi, c’est de l’humiliation! Nous n'allons tout de même pas donner raison à Nietzsche qui affirme que Dans la vengeance et en amour, la femme est plus barbare que l'homme.

 

ARIANE- Homme manifestement malmené ou bien homme malicieusement manifesté?

Échantillon? Esclave? Témoin?

 

Je pense qu’aucune d’entre nous n’aura l’idée saugrenue de soulever la nappe. L’important est qu’il soit nu et nous écoute.

 

Arrivée de MAGALI, habillée en religieuse.

 

MAGALI- Excusez-moi pour le retard. Je ne savais plus si je devais venir ou pas, si je devais m’habiller en religieuse ou pas... J’ai fini par préparer mon petit discours qui n’est pas bien fameux. En fait, je suis surtout venue entendre, comme l’autre jour j’étais venue regarder.

 

VERONIQUE- Bien, Magali, comme tu es arrivée en retard, et parce que tu nous as fait craindre que tu ne viennes pas, je propose que tu commences.

 

MAGALI- Bien, je serai débarrassée... Je vous demande la plus grande indulgence. Je ne suis pas une intellectuelle. Je ne peux qu’exposer mon expérience personnelle.

 

On installe Magali à la place d'honneur, au milieu de la table, dos au mur.

 

ARIANE lève son verre:

 

ARIANE- Au courage de Magali ! Je vous ai préparé un cocktail à la base de racine de gingembre, vanille, grenade, cardamone verte, capucine, poivre noir, miel et vin blanc moelleux. Ce savoureux breuvage s'appelle Philtre d'amour.

 

MARIE- Avec de tels philtres, on finira très vite sous la table.

 

ARIANE- Ça t'arrangerait, rouler sous la table avec mon modèle.

 

A partir du deuxième paragraphe, une douce musique religieuse peut sous-tendre son discours.

 

MAGALI- J’étais la sœur cadette de deux frères pas très surveillés par nos parents, petits commerçants, bons et très croyants, mais qui n’avaient jamais le temps de s’occuper de nous. Un appartement exigu. Une promiscuité de tous les instants. Adolescents, mes frères exhibaient leur sexe - cela les amusait de me choquer - et ils voulaient voir chez moi toutes les transformations dues à la puberté. Cela a été de mal en pis. Un jour, ils ont amené une copine et ont fait l’amour devant moi. La semaine suivante, ils ont purement et simplement proposé à leur meilleur ami de coucher avec moi. J’avais quinze ans et aucune envie de céder, mais comment résister à trois garçons pris de boissons ? J'ai hurlé, j'en ai mordu un, il m'a décoché une telle gifle que mes jambes m'ont trahi. Ensuite, je ne savais plus bien ce qui se passait.

 

Le lendemain, je suis partie chercher secours auprès du curé qui m’a envoyé chez les bonnes sœurs et ainsi de fil en aiguille, à 18 ans je me suis retrouvée dans le calme d’un couvent. J’étais considérée, choyée, respectée. Au début, je m’en suis très bien portée. Certes, il fallait assister aux messes, et il y en eu un paquet, mais bon, je m'y suis faite. Par contre quand la sœur supérieure m'a demandé si je voulais épouser Jésus, je ne savais pas très bien quoi répondre. Elle a compris mes interrogations et m'a dit:

 

Tu sais, moi, quand j’ai un doute, parce que nous avons tous un moment de tentation, j’ouvre la Bible au hasard et je trouve toujours une phrase qui me redonne une conviction forte dans l’amour de Dieu.

 

Bon, j'ai pris la Bible. De toute façon, il n’y avait que ce livre dans le couvent, ou alors des histoires de saints qui grillaient sur des fers chauffés à blanc et qui demandaient qu’on les retourne pour être bien cuits aussi de l’autre côté. Je prends la Bible, je l’ouvre en fermant les yeux et je tombe sur ce passage du Deutéronome que je connais maintenant par cœur : Lorsque des hommes se battent, si la femme de l’un d’eux s’approche et, pour dégager son mari des coups de l’autre, avance la main et saisit celui-ci par les parties honteuses, tu lui couperas la main sans un regard de pitié.

 

D’un seul coup, j’ai senti ma main partir, comme détachée du reste de mon corps. Vous savez, un jour j’ai pris mon frère par les parties honteuses pour qu’il cesse de m’importuner. Vous pouvez imaginer combien ensuite je redoutais de remettre le nez dans la Bible. Ce qui m’avait surtout frappé, c’était la fin du texte:sans un regard de pitié. Comment peut-on couper la main d’une femme sans un regard de pitié?

 

Quand j'ai repris la Bible, j'ai tremblé de tous mes membres. Quelle autre mutilation m’attendait? J’ai pu lire que j’étais impure. Verset après verset, la femme est impure. Impure à la naissance, impure à la mort, impure par nature. Au couvent, même entre femmes, il n’était possible de voir autre chose que les mains et le visage. Pas de miroir. Nous devions considérer le corps, notre corps, comme un objet corrompu, sale. Cacher notre corps à notre propre regard!

 

Voilà, c’est le mot qui m’a hanté tant d’années: la honte, la honte d’être une femme. J’en ai parlé un jour au prêtre qui venait nous confesser. J’aimais beaucoup sa voix, douce et chuchotante; il me semblait que rien ne pouvait m’arriver tant que je l’écoutais. Il me prenait à part, me rassurait, me conseillait, m’encourageait, jusqu'à ce que je comprenne ce qu'il voulait vraiment. Il m'impressionnait tant... J'ai cédé. Ensuite,

il m’a imposé le silence. Quand vous m’avez proposé de venir vous parler, j’ai pensé à tous ces versets bibliques qui répètent à longueur de pages: La femme doit demeurer dans le silence.

 

Pendant ce discours MARIE feuillette la Bible, apportée par MAGALI:

 

MARIE- Il n’y a pas de doute : la Bible a été écrite par des hommes. Lis, femme !  Lis le 1er Épitre de Saint Paul à Timothée !

 

La musique devient plus forte, plus solennelle.

 

MAGALI- Que les femmes se tiennent en silence et dans une entière soumission lorsqu'on les instruit. (...) je leur ordonne de demeurer dans le silence.

 

Car Adam a été formé le premier et Eve ensuite,

 

Et Adam n'a pas été séduit, mais la femme, ayant été séduite, est tombée dans la désobéissance.

 

Elles se sauveront néanmoins par les enfants qu'elles mettront au monde, en procurant qu'ils demeurent dans la foi, dans la charité, dans la sainteté et dans une vie bien réglée.

 

CAMILLE- Voilà pourquoi les juifs orthodoxes remercient Dieu tous les jours de ne pas les avoir fait naître femme.

 

La musique cesse.

 

MAGALI- Si je peux me permettre... Il y avait un livre de Joseph de Maistre à la salle de lecture.

 

VERONIQUE - Joseph de Maistre, grand penseur catholique du XVIIIe et du XIXe siècle, magistrat et homme politique connu pour son conservatisme. Je ne suis pas étonnée qu’on le trouve au couvent.

 

MAGALI- Je voudrais le citer pour en faire ma conclusion.

 

De Maistre était effrayé à l'idée que l’importance de la religion dans la société pourrait être réduite. Il a prophétisé :

 

Eteignez, affaiblissez seulement jusqu'à un certain point dans un pays chrétien l'influence de la loi divine, en laissant subsister la liberté (...) pour les femmes, bientôt vous verrez cette noble et touchante liberté dégénérer en une licence honteuse. Elles deviendront les instruments funestes d’une corruption universelle qui atteindra en peu de temps les parties vitales de l’Etat. Il tombera en pourriture et sa gangréneuse décrépitude fera à la fois honte et horreur.

 

Noir. Le rideau-écran tombe (ou se lève) en même temps.

 

On projette l'image appropriée. On entend les préparatifs du banquet.

 

 

 

 

Scène 3

 

MARIE- Tout cela m'a ouvert l'appétit.

 

ARIANE- Madame est servie.

 

Velouté aux asperges. Pour notre banquet, j'ai choisi uniquement des plats et boissons qui, dans la tradition chinoise, correspondraient au principe féminin. En Chine, on aurait cherché l'équilibre entre les plats yin et yang, mais nous nous sommes réunies pour parler des âneries de ces Messieurs. Je trouve qu'il nous faut en contrepoint de la nourriture « féminine ».

 

VERONIQUE- Bon appétit, Mesdames! Nous menaçons le monde de pourriture et de gangréneuse décrépitude!  Ariane, ton sublime potage nous aidera à nous recrépir.

 

MARIE- (en marseillais) Oh, bazarette, arrête de tchatcher et mange!

 

Ne vous laissez pas dégoûter par un extrémiste. La plupart des hommes rêvent de nous. Ils nous dévorent des yeux, mais écoutez ce qu'ils voient à notre place: je vous chante Lucrèce qui s'y connaissait:

 

Noire : elle est couleur miel,

sale et puante : naturelle,

les yeux glauques : c'est Pallas,

nerveuse et sèche : une gazelle,

la naine paraît une des Grâces,

la géante, déesse en majesté,

la bègue gazouille,

la muette est modeste,

la mégère bavarde égale ardente flamme.

 

ARIANE- Les hommes n'exagèrent pas leur enthousiasme, ils sont sincèrement aveuglés...

 

MAGALI- Seulement les hommes?...

 

VERONIQUE- Ma pauvre...

 

GERALDINE- Il n'y a pas que les poètes qui nous confondent avec les déesses. Il y a ceux qui, par politesse, ne demandent pas notre âge, ceux qui s’émerveillent de nous voir superbement vêtues - et ajoutent qu’un rien nous habille, ceux qui trouvent sublimes nos grossesses, ceux qui admirent notre patience avec les enfants, les vieux, les animaux, les plantes...

 

CAMILLE- ... ceux qui tombent à genoux devant notre grandeur d’âme, en particulier s'ils nous trompent...

 

MARIE- ... ceux qui nous voient en Sainte-Vierge, Jeanne d’Arc, Anne Frank, Sophie Marceau. Pour les hommes, nous sommes toutes des muses!

 

Elle distribue des petites feuilles de papier avec des poèmes qui seront lus successivement par toutes les actrices, Marie assurant le rôle de chef d'orchestre.

 

MARIE- Je continue avec les poètes: voici Charles-Marie Lecomte de Lisle.

 

Ô Muses, volupté des hommes et des dieux,

Vous qui charmez d'Hellas les bois mélodieux,

Vierges aux lyres d'or, vierges ceintes d'acanthes,

Des sages vénérés nourrices éloquentes,

Muses, je vous implore !

 

ARIANE- Victor Hugo :

 

Oh ! muse, contiens-toi ! muse aux hymnes d'airain,

Muse de la loi juste et du droit souverain,

Toi dont la bouche abonde en mots trempés de flamme.

 

VERONIQUE-

 

Sois femelle de l'homme, et sers de Muse, ô femme,

Quand le poète brame en Âme, en Lame, en Flamme !

Puis — quand il ronflera — viens baiser ton Vainqueur!

 

Ce n'était pas de Victor Hugo, mais de Tristan Corbière.

 

CAMILLE - Corbière mériterait d'être affiché au-dessus de notre lit :  Quand il ronflera ton Vainqueur. Avec « V » majuscule.

 

MARIE- Même Nostradamus a trouvé, entre deux prophéties sur la fin du monde, le temps de nous rendre hommage: il a rédigé pour nous un Traité des fards et des confitures.

 

ARIANE- Marie, veux-tu dire ta conclusion?

 

MARIE- Quant aux muses, leur fin est peu glorieuse.''Muse" a donné le nom à une canule que les hommes impuissants peuvent introduire dans leur canal urétral. Muse dilate les capillaires et provoque une érection satisfaisante chez deux patients sur trois.

 

Rideau. Projection.

 

 

Scène 4

 

ARIANE- Après Velouté aux asperges je vous propose une autre entrée très féminine. Vous l'auriez deviné même sans la référence au yin et yang: des Moules au gingembre.

 

GERALDINE- Apparemment, je suis désignée pour enchaîner.

 

Je continuerai par contraste: Magali a cité la Bible et un fieffé conservateur du XIXe siècle, Joseph de Maistre. J'aimerais vous lire quelque chose d'un autre Joseph qui a vécu à peu près en même temps que le précédent, mais lui se considérait socialiste libertaire. Vous savez, celui qui a dit et répété la fameuse phrase: La propriété, c'est le vol.

 

CAMILLE- Ce n'est pas faux...

 

GERALDINE- Voici Joseph Proudhon, tel qu’en lui-même :

 

Après que j'aurai établi sur faits et pièces infériorité physique, intellectuelle et morale de la femme, après que j'aurai montré, par des exemples éclatants, que ce qu'on appelle son émancipation est la même chose que sa prostitution, il ne me reste qu'à déterminer sur d'autres éléments la nature de ses prérogatives et à prendre en main sa défense contre les divagations de quelques (femmes) impures que le péché a rendues folles.

 

CAMILLE- Arrêtez tout de suite ! Vous inventez!

 

GERALDINE- Mais pas du tout! Écoutez bien: La femme est un diminutif d'homme à qui manque un organe pour devenir autre chose qu'un éphèbe. Partout éclate la passivité de la femme, sacrifiée, pour ainsi dire, à la fonction maternelle: délicatesse du corps, tendresse des chairs, ampleur des mamelles, des hanches, du bassin; en revanche, étroitesse et compression du cerveau. Et Proudhon conclue : La femme est une sorte de moyen terme entre l’homme et le reste du règne animal.

 

MARIE- ...délicatesse du corps, tendresse des chairs, ampleur des mamelles... (Ironique) Je ne savais pas que Proudhon rêvait à ce point des femmes.

 

GERALDINE- Pardon, Marie, vous n'avez pas dû bien entendre: étroitesse et compression du cerveau! Pour ne laisser aucun doute, Proudhon ajoute que, je cite, (nos) idées sont décousues, (nos) raisonnements à contre-sens, des chimères prises pour des réalités, de vaines analogies érigées en principe, (notre) esprit fatalement incliné vers l'anéantissement...

 

TOUTES SAUF CAMILLE (lisent avec Géraldine): La femme est la désolation du juste.

 

CAMILLE claque la porte. Rideau. Projection.

 

Amore Amore d'Isabelle Jost, dite Zaza

 

 

Scène 5

 

Pendant cette scène, TOUTES celles qui liront les citations des philosophes se mettront debout. CAMILLE, elle, sera debout au commencement de la scène, puis restera assise.

 

ARIANE- Je vous propose de porter un toast à nos deux Joseph, un vieux toast russe: Пусть он дохнет! (Prononcer "pust" avec un "t" mouillé, "on" "dokhnet", "kh" étant une sorte d'expiration où le "k" s'entend à peine). Marie, pardon pour ma prononciation, je ne parle pas le russe. Cela signifie: Qu'il crève! Sous-entendu: Que crèvent tous ceux qui nous nuisent.

 

MARIE- (en russe) Tакой тост я никогда не слышалa. (Prononcer: Takoi tost ia nikagda nie slychala). Je n'ai jamais entendu un tel toast.

 

ARIANE- Et pour cause: les Russes n'aiment pas que les étrangers le connaissent, ils ne le portent jamais devant eux. Je l'ai entendu à Moscou dans une pièce de théâtre d'Andreiev, mais lorsque je l'ai répété lors d'une soirée, j'ai eu brusquement l'impression de me trouver en Sibérie.

 

CAMILLE- Nous aussi, nous avons un toast « inavouable » que nous ne prononçons jamais, même entre nous: A nos femmes, à nos chevaux et à ceux qui les montent!

 

MARIE- Je l'aime bien, mais je trouve que le toast russe d'Ariane nous convient mieux: nous n'allons tout de même pas boire à la santé de Proudhon et de Maistre.

 

ARIANE- (répète le toast que les autres convives essaient de dire avec elle) Пусть он дохнет!

 

CAMILLE- Allez, qu'ils crèvent.

 

C'est à mon tour de présider. En tant que philosophe, j'ai envie de vous parler de mes confrères. Ils devraient penser mieux que tous ces cléricaux, politiciens et artistes que vous avez cités.

 

GERALDINE- Pour les âneries des philosophes, vous avez l'embarras du choix!

 

CAMILLE- Je vous le concède, à contrecoeur. En fait, je ne sais même pas par où commencer.

 

Si Michel Montaigne me voit, moi, philosophe en jupon, il se retourne dans sa tombe. N'a-t-il pas écrit: Quand je vois les femmes attachées à la rhétorique, à la judiciaire, à la logique et autres drogueries, j'entre en crainte.

 

Vous rendez-vous compte? Il entre en crainte, comme on entre en enfer!

 

MARIE- Moi, je serais prête à pardonner Montaigne - je le pardonne pour son amour de la vie. Il a résumé sa philosophie par une superbe phrase: C'est une perfection absolue et comme divine que de savoir jouir de son être. Je ne sais pas si c'est divin, mais c'est éminemment féminin...

 

CAMILLE- Montaigne a écrit plein d'idées sensées, mais ce n'est pas le propos de notre soirée.

 

Magali nous a montré de quelle manière les hommes nous voyaient dans l'Antiquité et au au Moyen-âge - enfin, elle a cité la Bible, mais cette vision a influencé tout le monde, y compris les philosophes. Moi, je piocherai dans les trois derniers siècles. Les hommes croient évoluer, mais c'est toujours le même son de cloche...

 

Entendez Emmanuel Kant qui partage la condescendance de Montaigne:

 

Le beau sexe a tout autant d'intelligence que le sexe masculin, seulement c'est une belle intelligence, la nôtre étant sans doute une intelligence profonde.

 

J'ignore si Kant trouvait notre intelligence si belle que cela, en tout cas, il avait quelques problèmes par rapport à notre corps. Pour lui La jouissance charnelle est, en principe, sinon toujours dans les faits, cannibale.

 

Avec son couteau, VÉRONIQUE peut faire un geste imitant l'émasculation.

 

MARIE se coiffe du couvercle du plateau à fromage et chante:

 

MARIE-

 

Je vis dans une serre,

sous une cloche de verre,

je suis Emmanuelle Kant,

petite fleur pensante.

 

Je vis dans une serre,

sous une cloche de verre

où je ne pense, comme tous mes paires,

qu'à ce que les femmes savent si bien faire.

 

TOUTES- (dansent autour de la table)

 

Je suis Emmanuelle Kant,

petite fleur pensante,

sous une cloche de verre

à ne songer, comme tous mes paires,

qu'à ce que les femelles savent si bien faire.

 

CAMILLE- (les applaudit ) Après Emmanuel Kant, je vous sers Denis Diderot:

 

GÉRALDINE- Merci, Madame la Professeure.

 

CAMILLE- (lit) J'ai vu l'amour, la jalousie, la superstition, la colère portés dans les femmes à un point que l'homme n'éprouva jamais. (...) La femme porte au dedans d'elle-même un organe susceptible de spasmes terribles, disposant d'elle et suscitant dans son imagination des fantômes de toute espèce. C'est dans le délire hystérique qu'elle revient sur le passé, qu'elle s'élance dans l'avenir, que tous les temps lui sont présents.(...) C'est dans la fureur de la bête féroce qui fait partie d'elle-même que je l'ai vue, que je l'ai entendue. Comme elle sentait !

 

MAGALI- J'ignorais que nous sentions si mauvais pour ces messieurs.

 

MARIE, espiègle, asperge le public de parfum - ou de désinfectant?

 

CAMILLE- Mais, Marie!...

 

Pour te calmer, je te demande de nous lire un peu de Friedrich Nietzsche.

 

Elle lui tend un livre ou ses notes.

 

MARIE- La femme est une surface qui mime la profondeur.

 

CAMILLE- Lis aussi un peu plus loin. Nietzsche nous offre un vrai feu d'artifice.

 

MARIE- Tout, dans la femme, est énigme, et tout dans la femme a une solution : elle s’appelle grossesse.

L'homme pour la femme est un moyen: le but, c'est toujours l'enfant.

Mais qu’est la femme pour l'homme ?

L'homme véritable veut deux choses: le danger et le jeu. C'est pourquoi il veut la femme, le jouet le plus dangereux.

Il faut que l'homme soit éduqué pour la guerre et la femme pour le repos du guerrier: tout le reste est sottise.

 

CAMILLE- Lisez, ou relisez-le, reposez-vous avec ce guerrier. Et tant que vous y êtes, faites-vous aussi plaisir avec un autre Allemand, Arthur Schopenhauer. Rien qu'à penser à son Essai sur les femmes je mouille, comme s'exprimeraient nos amis les hommes.

 

Je me limite à trois perles de ce brave Arthur, mais ne vous refusez pas la lecture de son essai en entier:

 

Première perle: Ce qui rend les femmes particulièrement aptes à soigner, à élever notre première enfance, c'est qu'elles restent elles-mêmes puériles, futiles et bornées; elles demeurent toute leur vie de grands enfants …

 

MARIE- Cet Arthur est tout mignon...

 

CAMILLE- Seconde perle: Il est évident que la femme est par nature destinée à obéir. La preuve en est que (elle) s'attache aussitôt à n'importe quel homme par qui elle se laisse diriger et dominer, parce qu'elle a besoin d'un maître.

 

Sa troisième grande pensée: Schopenhauer voulait abolir la monogamie car, d'après lui, la monogamie est fondée sur l'idée que la femme est, je le cite texto, l'égale de l'homme, ce qu'elle n'est d'aucun point de vue. Il en résulte que les hommes sensés et prudents hésitent souvent à se laisser entraîner à un pacte si inégal, à un si grand sacrifice.

 

Schopenhauer est resté vieux garçon.

 

MARIE- Je propose que nous mariions Schopenhauer à Camille. Ainsi apprendra-t-il de quel bois les femmes se chauffent.

 

Marie prend quelques fleurs et les fiche dans les cheveux de Camille, puis lui ajoute une serviette blanche en guise de voile.

 

CAMILLE- Non, merci, je suis déjà pourvue. Marie, arrêtez!

 

GERALDINE- Camille, vous êtes mariée? Vous êtes l'épouse de Philippe Jourdain? Il me semble le connaître. N'est-il pas membre de mon parti?

 

CAMILLE- Si, hélas.

 

GERALDINE- Ça alors! Comme ça, la lutte des classes s'arrête au seuil de la chambre à coucher?

 

CAMILLE- Voulez-vous que j'étale votre vie privée à vous?!

 

GERALDINE- Qu'est-ce qu'elle a, ma vie privée?

 

ARIANE- Géraldine, ne touchez pas à son époux, elle le défendra comme une lionne.

 

MARIE- Ariane, attention à ce que tu dis. Si Camille vit avec un lion, il dort 15 heures par jour. En plus, il arrive qu'un lion qui veut sauter une femelle dévore ses lionceaux et elle, dès qu'elle n'a plus de petits, tombe en chaleur. Résultat, elle vient frotter son cul au nez du mâle!

 

CAMILLE- Comme vous êtes vulgaire! Une vraie biologiste: on voit que vous passez vos journées à fouiner dans des cadavres.

 

MARIE- (avec un accent marseillais) Pardon, pardon, je crois que là, j'ai fait une cagade.

 

CAMILLE- (parodiant son accent marseillais) Une belle cagade. Vous dites tellement de bêtises que ça me retire la parole.

 

(Elle continue sans accent ) Bon, arrêtons. Véronique nous a demandé d'exposer des âneries masculines, pas de nous étriller.

 

Puis-je continuer encore un peu à propos des philosophes? Ce serait vraiment trop dur de ne pas vous citer Pierre Joseph Kierkegaard, l'un des plus charmants vénérateurs de l'Éternel féminin.

 

Magali, c'est presque de la Bible: pourriez-vous nous en lire un peu?

                

Musique baroque.

 

Magali-  Quand l'homme eut été créé, il était là comme le prince et le maître d'une nature qui, dans l'éclat de sa magnificence, attendait son signe pour lui livrer la richesse du monde fini; mais il ne savait que faire de tout cela. (...) Alors la femme fut créée.(...) Elle s'approcha de lui, joyeuse comme un enfant, humble comme un enfant, rêveuse comme un enfant.(...) Et, merveille ! son humble consolation fut la joie la plus riche de sa vie, son innocent passe-temps fut la beauté de sa vie, son jeu enfantin devint la profonde valeur de sa vie. Une femme conçoit le fini, elle le comprend à fond, c'est pourquoi elle est charmante, comme l'est par essence toute femme, c'est pourquoi elle incarne la grâce, ce que ne fait aucun homme, c'est pourquoi elle est heureuse comme aucun homme ne peut ou ne doit l'être, c'est pourquoi elle est à l'unisson de la vie et des choses comme nul homme ne peut ou ne doit l'être. (...) La femme explique le fini, l'homme poursuit l'infini. Il doit en être ainsi.

 

TOUTES applaudissent.

 

CAMILLE- Vous applaudissez? Vous auriez dû attendre sa conclusion. La voilà:

 

C'est pourquoi je déteste tous ces discours odieux sur l'émancipation de la femme. Dieu veuille qu'elle ne se produise jamais.

 

MARIE- On prend des paris?

 

CAMILLE- C'est inutile, un autre philosophe allemand, Fichte - Johann Gottlieb Fichte, ce qui signifie Jean, amour de Dieu ! - a déjà tranché: il pensait que l'émancipation était une idée qui ne peut nullement venir à l'esprit des femmes.

 

ARIANNE- J'ai l'impression que cette idée commence tout de même à nous effleurer.

 

MARIE- Nous peut-être, mais il faudrait qu'elle touche aussi les hommes.

 

CAMILLE- Il y a tant d'autres âneries de philosophes qui mériteraient d'être rappelées!

 

MARIE- En général, ils pensent avec leur cerveau, mais quand il s'agit des femmes, ils utilisent un organe moins approprié.

 

CAMILLE- Il faut que je mentionne au moins quelques-uns de mes collègues du XXe siècle, à commencer par Jacques Derrida.

 

VERONIQUE- Écoute, Camille, on en a assez soupé de tes philosophes.

 

CAMILLE- Toute à l'heure, tu m'as reproché de vouloir raccourcir les propos de Marie et maintenant tu me coupes la parole ?!

 

MARIE- (prends un gâteau sur la table et fait semblant vouloir le fourrer dans la bouche de Camille) Allez, Camille, profitez de la vie...

 

CAMILLE- Comme vous êtes casse-pied ! Vous ne m'empêcherez pas de me moquer de Derrida, même s'il est réputé féministe.

 

Le problème est que pour démêler sa pensée, disons « complexe », il me faudrait une heure. Je vous en livre juste un tout petit morceau:

 

On pourrait dire en toute rigueur que l'hymen n'existe pas. Tout ce qui construit la valeur d'existence est étranger à l'hymen. Et s'il y avait de l'hymen, je ne dis pas si l'hymen existait, la valeur de propriété ne lui conviendrait pas davantage (...). Comment pourrait-on dès lors attribuer proprement à la femme l'existence de  l'hymen? Celui-ci n'est pas davantage le propre de l'homme, voire de l'être humain. J'en dirais autant de l'«invagination».(...) Et puis, même dans la représentation courante, pourquoi le vagin serait-il seulement maternel?

 

ARIANNE- On n'arrête pas le progrès. Les chrétiens nous attribuaient au moins le mérite de la maternité et à ce titre célébraient notre hymen, Freud pensait que notre sexe était un pénis "invaginé", retourné à l'intérieur de notre corps. Pour Derrida il n'y en a même plus.

 

MARIE- Mais comment pouvez-vous barjaquer sur Derrida?!  (ce qui, en marseillais, signifie "parler pour ne rien dire", mais pas la peine de le traduire) Sa façon d'écrire vole si haut...! Ce n'est pas pour rien qu'il a fortement influencé le féminisme américain.

 

CAMILLE- Marie, êtes-vous sérieuse? Vous ne comprenez pas, donc cela vous plaît?

 

Vous me faites penser à Simone de Beauvoir. Quand, toute jeune, elle a rencontré Jean-Paul Sartre pour la première fois, elle étais très amoureuse d'un jeune costaud qui la traitait de Castor - ce n'est pas Sartre qui lui a donné ce surnom. Simone trouvait Sartre franchement laid, et pourtant, elle l'a finalement préféré à l'autre. Savez-vous pourquoi? D'après mes collègues Aude Lancelin et Marie Lemonnier elle l'a choisi parce que c'était la première fois de sa vie que la jeune surdouée se sentait intellectuellement dominée par quelqu'un.

 

Marie, vous avez l'air de partager avec elle cette humilité émerveillée devant ce qui vous dépasse...

 

MARIE (marmonne, bien contente que personne ne comprend son marseillais, sauf, peut-être, Camille ) Qué couillousti! (Quelle imbécile!) Qué coucourde! (Quelle tête vide!)

 

CAMILLE-(parodiant son accent marseillais) Oh, qu'est-ce tu me branches! Je pourrais te traiter de cul cousu!

 

(Elle continue sans accent) Simone de Beauvoir se révoltait contre les entraves à notre liberté, mais pensait pourtant que, pour assurer la sécurité de la femme, l'homme devait être capable de la dominer. N'a-t-elle pas écrit dans Le deuxième sexe:

 

Un homme qui serait entièrement sous l'emprise (de la femme) ne pourrait plus pallier son déficit d'être à elle. Ainsi l'amour est-il nécessairement tragique pour la femme.

 

ARIANE- Elle aimait l'idée de la soumission au point d'écrire à son amant américain: Je serai sage, je ferai la vaisselle, je balaierai, j'irai moi-même acheter des œufs et du gâteau au rhum, je ne toucherai pas vos cheveux, vos joues, votre épaule sans autorisation.

 

MARIE- Écoutez, vous deux, vous n'allez pas démolir tous nos mythes?

 

CAMILLE- Les mites, cela fait des trous dans le cerveau.

 

MARIE- Sartre et Beauvoir étaient extraordinaires sur tous les plans, progressistes comme penseurs, progressistes comme couple, libres et tolérants...

 

CAMILLE- En tout cas, ils ont dépensé beaucoup d'énergie pour nous le faire croire. La romancière Doris Lessing n'a jamais prêté foi à leur, comme elle dit, couple révolutionnaire bidon. Et Claude Levi-Strauss a confié qu'à la lecture de L'Invitée de Simone de Beauvoir, Sartre lui apparaissait comme un être immonde et un salaud.

 

GERALDINE- Camille, je finirai par vous aimer!

 

Rideau. Projection.

 

 

 

Scène 6

 

MARIE- J'ai déniché un superbe Manuel scolaire catholique d’économie domestique pour les femmes, publié en 1960.

 

Marie lit ce qui suit:

 

Manuel scolaire catholique d’économie domestique pour les femmes

 

Préparez les choses à l’avance, le soir précédent s’il le faut, afin qu’un délicieux repas attende votre mari à son retour du travail. C’est une façon de lui faire savoir que vous avez pensé à lui. La plupart des hommes ont faim lorsqu’ils rentrent à la maison, surtout s’il s’agit de leur plat favori.

 

puis ce cartouche s'affiche à l'écran.

 

Pendant que MARIE lit ce premier texte, ARIANE, MAGALI ET VÉRONIQUE ont repoussé dans un coin toutes les chaises sauf une car l'époux dîne seul.

 

Les extraits suivants du Manuel seront également projetés au-dessus de la table, au fur et à mesure du jeu. MARIE ne les lira pas, mais avec ARIANE les illustrera par un jeu muet. Elle représentera la femme, Ariane l’homme.

 

MAGALI, VÉRONIQUE, CAMILLE ET GÉRALDINE s'installent comme spectatrices.

 

Après l'affichage de la seconde cartouche, MARIE s’active autour de la table et prépare le dîner de son mari. Elle apporte une radio à piles qui diffuse une musique langoureuse.

 

Prenez quinze minutes pour vous reposer afin d’être détendue lorsqu’il rentre. Retouchez votre maquillage, mettez un ruban dans vos cheveux et soyez fraîche. Il a passé la journée en compagnie de gens surchargés de soucis et de travail. Sa dure journée a besoin d’être égayée.

 

Marie se jette sur la figure un peu d’eau de la carafe, met un ruban dans ses cheveux, retouche son maquillage.

 

Au moment de son arrivée, éliminez tout bruit. Soyez heureuse de le voir. Accueillez-le avec un chaleureux sourire et montrez de la sincérité dans votre désir de lui plaire.

 

ARIANE, qui s’est rapidement peint une moustache, fait semblant d’entrer dans la pièce. Elle prendra les attitudes attendues d’un homme.

 

MARIE éteint précipitamment la radio et avec un chaleureux sourire enlève à Ariane son manteau, prend sa serviette de cuir, dénoue ses lacets pour lui enfiler ses pantoufles.

 

Il se peut que vous ayez une douzaine de choses importantes à lui dire, mais ce n’est pas le moment opportun. Laissez-le parler d’abord, souvenez-vous que ses sujets de conversation sont plus importants que les vôtres.

 

La musique langoureuse reprend doucement.

 

ARIANE- (s’installant à table) Impossible de se garer avec ce connard de voisin, il prend toute la place avec son putain de break! N'oublie pas de racheter de l’huile pour la tondeuse. Parce que samedi je tonds la pelouse. Rien que pour l’emmerder!

 

Ne vous plaignez jamais s’il rentre tard, s’il sort pour dîner ou pour aller dans d’autres lieux de divertissement sans vous. Même s’il reste dehors toute la nuit, considérez cela comme mineur. Souvenez-vous qu’il est le maître du foyer et qu’il exercera toujours sa volonté avec justice et honnêteté.

 

ARIANE- (se goinfrant) A propos, demain. Je rentrerai tard. On m'a flanqué une nouvelle stagiaire que je dois former. Trop de boulot dans la journée, je vais bien être obligé de sacrifier la soirée. Et comme la petite n’est pas dégourdie, ça peut durer...

 

Quoi? Qu’est-ce qu’il y a?

 

MARIE- Mais je n’ai rien dit! Je sais que tu exerceras toujours ta volonté avec justice et honnêteté.

 

Si votre mari se propose de vous aider à débarrasser la table, déclinez son offre, car il risquerait de se sentir obligé à le faire tous les jours. Au contraire, encouragez votre mari à se livrer à ses passe-temps favoris.

 

ARIANE- Veux-tu que je t’aide?

 

MARIE- Oh, non!

 

ARIANE- Pour une fois que j’étais bien disposé…

 

MARIE- Tiens, continue plutôt ton puzzle. (Elle le lui apporte avec précaution, sur un grand plateau.)

 

ARIANE- Un puzzle de 8000 pièces. Le jour où une femme réussira un puzzle de 8000 pièces, les poules auront des dents!

 

Préparez-vous à vous mettre au lit aussi promptement que possible. Si vous devez vous appliquer de la crème sur le visage ou mettre des bigoudis, attendez que le sommeil gagne votre mari, car cela pourrait le choquer de s’endormir sur un tel spectacle.

 

ARIANE- (continuant son puzzle) La nuit dernière, je ne te l’ai pas dit, mais figure-toi que j’ai vu dans mon lit une extra-terrestre. Une femme avec de la crème sur la gueule et des bigoudis verts sur le crâne. On se serait cru chez Dracula.

 

MARIE- (pleurant) J’avais pourtant attendu que le sommeil te gagne… Je ne sais plus comment faire…

 

MAGALI, VÉRONIQUE, CAMILLE ET GÉRALDINE (lisent ensemble, à haute voix, le cartouche qui s'affiche) :

 

Si votre mari suggère l’accouplement, acceptez alors avec humilité tout en gardant à l’esprit que le plaisir de l’homme est plus important que celui de la femme. Lorsqu’il atteint l’orgasme, un petit gémissement de votre part sera tout à fait suffisant.

 

ARIANE- Tiens, 9 heures. Je suggèrerais bien l’accouplement.

 

TOUTES EN CHŒUR- Je l’accepte avec humilité.

 

Rideau. Projection.

 

 

Scène 7

 

ARIANE- Passons aux choses sérieuses: faisons-nous plaisir avec un plat qui me semble, lui aussi, très féminin, Foie gras de canard poêlé aux pommes reinettes. Pas de gingembre, mais toujours du miel - et du calvados. Alcool de pomme, le fruit d’Ève, fruit de la tentation...

 

MARIE- Ce n'est pas très chinois...

 

ARIANE- Je n'ai pas dit que je vous offrais un dîner chinois. Je me suis juste inspirée du principe yin.

 

Comme je suis Alsacienne, avec ce foie gras je vous propose un moelleux Gewurztraminer - vendanges tardives.

 

Les actrices apportent le plat principal.

 

Elles goûtent le vin, savourent le plat. Pendant ce temps, on entend un extrait de la chanson Julie de Maurice Vidalin, interprétée par lui-même, ou par Michèle Arnaud, Marcel Amont, Mouloudji.

 

Elle pourrait aussi être chantée par MARIE et le refrain repris en choeur par TOUTES LES ACTRICES.

 

N'allez pas Julie, vous rouler dans l'herbe
Quand Monsieur l'abbé déjeune au château
N'allez pas non plus jouer aux proverbes
Avec les bergers aux tendres flûtiaux.
Et je vous défends, vilaine petite,
Nue dans la rivière, au milieu du bourg,
De dire aux pêcheurs : "Je suis une truite.
Me pêche qui veut m'apprendre l'amour."


Les yeux baissés,
Les genoux serrés,
Faites de la dentelle
Faites de l'aquarelle,
De la tapisserie,
De la pâtisserie,
Mais n'allez pas surtout
Courir le guilledou
Avant de prendre époux.

 

MARIE-

 

Un matin, Julie, blanche à la chapelle,
Devant la famille vous direz ce "oui"
Qui vous livrera, timide gazelle,
Aux tendres assauts de votre mari.
Dès le lendemain, vous serez tranquille,
Je ne serai plus là pour vous gronder.
Vous pourrez alors, femme d'imbécile,
Prendre autant d'amants que vous le voudrez.

 

TOUTES-

 

Les yeux baissés,
Les genoux serrés,
Faites de la dentelle,
Faites de l'aquarelle,
De la tapisserie,
De la pâtisserie,
En attendant le jour,
Qui ne saurait tarder,
De votre liberté.

 

VÉRONIQUE, assise à la place de présidente, se lève et prononce un toast:

 

A la santé de toutes les Julie!

 

Je reprends notre petit jeu de Toutes ces âneries...

 

Vous avez cité les préjugés des religieux, des poètes, des idéologues, des philosophes. Voyons maintenant comment leurs bêtises se traduisent dans les lois. Ne croyez pas que leurs paroles ne sont que des joutes intellectuelles, cette façon de nous voir intervient dans notre vie de tous les jours.

 

Commençons par le Code civil de Napoléon, fondement de notre système législatif. Il a même influencé d'autres pays. Voilà ce qu'il dit à notre sujet:

 

La femme est donnée à l’homme pour qu’elle lui fasse des enfants. Elle est donc sa propriété comme l’arbre fruitier est celle du jardinier. (...) Les personnes, privées de droits juridiques, sont les mineurs, les femmes mariées, les criminels et les débiles mentaux.

 

MAGALI- Cela n'a pas beaucoup changé depuis Saint Paul.

 

VERONIQUE- Cela a même empiré. Saint Paul ne nous avait pas mises à égalité avec les criminels et débiles mentaux.

 

L'application juridique du principe la femme est l'arbre fruitier appartenant au jardinier a évidemment mené à des catastrophes.

 

- Pendant plus d'un siècle, la femme ne pouvait témoigner devant un tribunal, et encore moins faire un procès sans le consentement de son mari, pas plus qu'exercer une profession.

 

- Si, par miracle, son mari lui permettait de travailler à l'extérieur, c'était lui qui disposait de son salaire.

 

- En cas d'adultère, celui du mari n’était sanctionné que s'il était commis sous le toit familial et de façon répétée. C'est à dire jamais. Allez confondre votre mari infidèle chez vous et plusieurs fois de suite...! Par contre, l'adultère de l’épouse était, lui, passible de prison.

 

CAMILLE- Mais c'était un progrès! On ne les brûlait plus comme sorcières, on ne les lapidait pas non plus...

 

VERONIQUE- Camille, ton humour assez spécial...

 

MARIE pourrait attraper un balai et faire le tour de la table en le chevauchant.

 

VERONIQUE- Je pourrais vous raconter des procédures de divorce où les juges, encore de nos jours, ont cette vision de la femme inscrite sur leur front, en lettres clignotantes! Un avocat peut s'en servir au profit de ses clients masculins, mais c'est une horreur quand il doit défendre une femme. Je n'arrive pas à oublier le cas d'une de mes clientes. Au prétexte que c'était elle qui avait été infidèle, le juge lui a refusé la garde des enfants. Non seulement nous avons perdu le procès, mais elle s'est pendue! Et elle était jolie comme notre Magali... !

 

Elle prend Magali par les épaules.

 

MARIE- Alors c'est pour cela que tu ne défends que des femmes... ?

 

MAGALI- (en se libérant doucement de l'emprise de Véronique; ironique) C'est comme au couvent : les hommes avec les hommes, les femmes avec les femmes...

 

VERONIQUE- Magali, dois-je comprendre qu'au Moyen-âge tu m'aurais dénoncé à l'inquisition?

 

ARIANE- Allez, les filles, n'oubliez pas que Véronique est mariée !

 

MAGALI- Alors, pour être plus précise, notre amiable défenderesse des droits des femmes fonctionnerait-elle suivant la règle de l'église de Jan Hus de Bohème, sub utraque species,à la fois sous le vin et l'hostie?

 

ARIANE- Magali, ne soyez pas impertinente !

 

Véronique, ton Code civil de Napoléon me rappelle mon propre divorce. Plus divertissant que celui que tu viens d'évoquer. Enfin, « plus divertissant » avec du recul...

 

Mon ex et moi, nous nous sommes mariés trop jeunes, nous ne savions rien de l'amour. Cela s'est terminé comme nos parents nous l'avaient prédit : chacun est parti de son côté. Nous nous sommes perdus de vue un an, puis rencontrés par hasard la veille de notre divorce. Il m'a invité à dîner, nous nous sommes racontés nos aventures avec nos nouveaux amoureux, nous avons pas mal bu, beaucoup ri... et tout naturellement fini ensemble au lit. J'ai eu la divine surprise de constater qu'entre temps il avait appris à quoi peuvent bien servir la langue, le nez, les genoux et tout le reste...

 

Nous sommes tout de même allés au tribunal le lendemain matin. Mon avocate qui ne connaissait pas mon mari, essayait de deviner si nous étions capables de nous mettre d'accord sur un divorce à l'amiable, ou bien si nous allions créer des difficultés. Quand nous lui avons dit que nous venions de passer toute la nuit ensemble, elle s'est effrayée. Surtout ne pas le mentionner devant le juge! Puis elle nous a raconté qu'il venait de divorcer d'une chanteuse connue qui le trompait, et qu'il en voulait à toute la gente féminine. Alors si je pouvais insinuer que notre divorce à nous était causé par mon infidélité à moi, la femme, éternelle pécheresse... Bien entendu, j'ai aussitôt déclaré au juge que je suis partie avec un autre. Il m'a demandé si c'était mon premier amant. J'ai répondu que déjà six mois avant j'en ai eu un autre. Le juge étant visiblement ravi, j'ai chargé la barque et ajouté un autre avant, puis encore un – jusqu'à ce que mon « ex » m'arrête, sinon je l'aurais trompé avant même de faire sa connaissance. Le juge m'aurait accordé le bleu du ciel.

 

VERONIQUE- Parfois je dois me cramponner et me répéter plusieurs fois de suite : J'ai confiance en la justice de mon pays...

 

GERALDINE- Il y a aussi des Lois cocasses. Depuis le Directoire, donc depuis la fin du XVIIIe, le port du pantalon est interdit aux femmes.Toutefois, en 1892 le pantalon a été admis, mais à condition que ce fut pour monter à cheval ou à bicyclette. Cette Loi n'a toujours pas été abrogée.

 

MARIE- Il nous faut un cheval. Vous savez bien que nos fesses dans un pantalon sont pour les hommes le chiffon rouge. Sans cheval point de salut pour leur échapper.

 

VERONIQUE- Le Code Napoléon est toujours largement en cours dans notre droit actuel. Pas pour les infidélités, heureusement, mais en France il est plutôt rare qu'on abroge une loi ancienne, on se contente d'en rajouter de nouvelles. Par conséquent, encore au XXe siècle les femmes avaient très peu de droits civiques et politiques.

 

En 1919 le sénateur Alexandre Bérard justifiait cette inégalité avec des mots de poète: Les mains des femmes sont-elles bien faites pour le pugilat de l'arène publique? (...) séduire et être mère, c'est pour cela qu'est faite la femme.

 

GERALDINE- Le monde politique est une jungle, et pour les femmes il est encore plus difficile d'y survivre que pour les hommes. Je suis entrée en politique avec une foi naïve de pouvoir rendre ce monde un peu plus humain, mais vous n'imaginez pas les quolibets, les calomnies et intrigues pour m'empêcher d'être élue, puis de m'exprimer. Si je tente de faire passer une Loi en faveur des femmes, il s'en trouve toujours un qui s'assoit juste derrière moi, et chuchote, assez fort pour que tout le monde l'entende: Encore la malbaisée qui la ramène. Ou alors : Notre petite a de nouveau ses menstrues. Au début de mon mandat, je rentrais souvent chez moi en larmes et mon mari, au lieu de me consoler, me disait que je l'avais bien cherché.

 

CAMILLE- Bérard était un homme de progrès, résolument anticlérical. Il s'est battu pour la laïcité.

 

GERALDINE- Homme de progrès?!  Vous ne le dites pas sérieusement. A part chanter l'éloge de notre rôle d'épouse et de mère, il était très engagé contre le droit de vote des femmes. Il prétendait nous estimer, mais il aurait pu dire avec Sacha Guitry: Je conviendrais volontiers que les femmes nous sont supérieures - rien que pour les dissuader de se croire nos égales.

 

VERONIQUE- Je peux vous rappeler un autre galant sénateur, Jacques Régismanset, qui se battait tout aussi énergiquement contre notre droit de vote. Dans une belle envolée, il a déclaré :

 

Je suis féministe : j'estime et j'aime la femme autant que quiconque (...). Mais c'est dans son intérêt que je lui refuse le droit de vote et d'éligibilité et que je ne consens pas à la jeter dans les mêlées électorales. (...) l'immense majorité des femmes se soucient beaucoup plus de savoir ce qui se portera cet hiver que de la réorganisation de l'armée ou de la péréquation des impôts. Lorsque trois femmes sont réunies, elles se mettent aussitôt à parler chiffon.

 

MARIE- (ironique) Il voulait peut-être que nous parlions football ou rugby... C'était un homme du Sud, je peux lui dire en marseillais qu'on ne se laissera plus emboucaner par des marioles de son espèce.

 

VERONIQUE- Ce n'est que le 21 avril 1944, bien après la Mongolie, l’Albanie et la Turquie, que la France a donné aux femmes le droit de vote et d’éligibilité. Et le comble: il nous a été accordé à la dérobée, par une ordonnance du Gouvernement provisoire du Général de Gaulle, à Alger. Vous rendez-vous compte qu'encore en 2012 il y avait presque deux fois plus de femmes au Parlement du Rwanda qu'en France, 56% contre 27 ?

 

PLUSIEURS VOIX- Non...!

 

VERONIQUE- Si, même en Afghanistan, il y en a eu un pour cent de plus, malgré les attaques des talibans.

 

GERALDINE- Je voudrais tout de même rappeler qu'un député de droite, Maurice Barrès, a proposé au Parlement déjà en 1919 d'accorder le droit de vote aux femmes.

 

CAMILLE- Voilà, Madame la Député, encore de la démagogie! Vous oubliez de préciser que votre Barrès voulait réserver le droit de vote aux seules veuves des poilus, à la place de leurs héros de maris "morts pour la France". Il faut que nos hommes crèvent pour que nous puissions voter.

 

Éclat de fanfare "patriotique".

 

Rideau.

 

Entracte.

 

Si le bâtiment dispose d'un bar, chaque spectateur pourrait recevoir un verre de Gewurztraminer et des petits gâteaux s'accordant avec ce vin de dessert.

 

"Mara moyen-courrier", dessin Július Satinský

 

Scène 8

 

TOUT LE MONDE est sur la scène, sauf MAGALI et VÉRONIQUE qui entrent ensemble un peu après les autres. Elles s'amusent en complices.

 

Le changement de la gestuelle de Magali est à peine perceptible, mais il n'y a plus rien de gourde dans ses mouvements, ils sont de nouveau fluides et déliés.

 

ARIANE- De quoi un banquet de femmes ne pourrait-il se passer?

 

TOUTES- De chocolat!

 

ARIANE- Et voilà, Le gâteau aux trois chocolats, amandes concassées et torréfiées, sur lit de framboises et de kiwi.

 

MARIE- Bénie soit Ariane! (En marseillais) Ton dîner, c'est une vraie gavade.

 

ARIANE- Merci. Je dis "merci", en espérant que "gavade" est un compliment.

 

MARIE- Cela veut dire que tu nous gaves, mais à Marseille, on adore.

 

ARIANE- C'est bien. Tous les plaisirs sont bons à prendre.

 

Revenons à nos moutons, nous n'avons pas fini de les tondre. Après la religion, la poésie, la politique, la philosophie et la loi, il nous reste la psychanalyse. Préparez vos mouchoirs: certains de ces « connaisseurs de l'âme » me font pleurer de rire.

 

Magali- Les psychanalystes? Ils sont les descendants directs des curés.

 

Elle se lève et rejette sa robe de nonne. Elle ne porte rien dessous.

 

MARIE- Mais qu’est-ce qui t’arrive, Magali?

 

Magali- Ariane veut parler des psychanalystes, alors me voilà, je suis prête. Vous m’avez convaincue d’être sincère, je vais aller jusqu’au bout. Finie la honte! Plus de culpabilité ! Déjà, mon aventure avec le curé a bien entamé ma foi. S’il faut tout rebâtir, allons-y pour de bon.

 

ARIANE- Parfait ! Les psychanalystes aiment commencer à la naissance.

 

Ariane lève une coupe:

 

Bravo encore ! A ton courage!

 

Entrez, Sigmund Freud, le plus grand parmi les grands! Sonnez, tambours!

 

Toutes se mettent debout et tapent en rythme sur la table et la vaisselle.

 

ARIANE- Vous avez toutes lu, ou entendu parler de ce que Freud a appelé Complexe de castration. D'après lui, nous voudrions avoir un pénis comme nos petits frères, même si nous n'avons pas de petits frères, et ce désir ne disparaitrait jamais complètement. A défaut, nous désirons un enfant de notre père, puisque la petite fille que nous avons été a découvert très tôt que lui en avait un, pénis, et plus important que le petit oiseau de notre frère. Freud affirme que le report de ce désir impossible se fait très difficilement sur d'autres hommes, et souvent ne se fait pas du tout.

 

MARIE- Laquelle de vous a réussi?

 

CAMILLE- Réussi quoi? Se libérer, ou bien avoir un enfant de son papa?

 

ARIANE- (en riant) Camille, je ne te savais pas si coquine.

 

Allez, je vous livre un petit bout de Sigmund Freud - tel qu'il l'a produit à la sueur de son front:

 

Humiliée dans son amour-propre par la comparaison avec le garçon tellement mieux pourvu, (la jeune fille) renonce à la satisfaction masturbatoire par le clitoris, rejette son amour pour sa mère et ce faisant refoule, dans bien des cas, une bonne part de ses aspirations sexuelles en général. (...) Son amour s'était adressé à la mère phallique; avec la découverte que la mère est castrée, il lui devient possible de la laisser tomber comme objet d'amour, de sorte que les motifs d'hostilité, accumulés depuis longtemps, prennent le dessus. Cela signifie donc que par la découverte de l'absence de pénis, la femme est dévalorisée pour la petite fille comme pour le garçon, et peut-être aussi plus tard pour l'homme.

 

MAGALI- On en apprend tous les jours. J'ai entendu dire que d'après Freud les femmes n'ont rien apporté à la civilisation sauf le métier à tisser.

 

ARIANE- Les féministes citent très souvent le paragraphe où il l'affirme:

 

On estime que les femmes ont apporté peu de contributions aux découvertes et aux inventions de l'histoire de la culture, mais peut-être ont-elles quand même inventé une technique, celle du tressage et du tissage. (...) C'est la nature elle-même qui aurait fourni le modèle de cette imitation en faisant pousser, au moment de la puberté, la toison pubienne qui cache les organes génitaux. Le pas qui restait encore à franchir consistait à faire adhérer les unes aux autres les fibres qui, sur le corps, étaient plantées dans la peau et seulement emmêlées les unes aux autres.

 

VERONIQUE- Et si ce n'était que de l'humour ? Les Juifs d'Europe centrale sont très fiers de leur sens de l'humour particulier...

 

MARIE- Heureusement que les femmes n'ont pas toujours épilé leurs poils. Sinon, elles n'auraient même pas appris à tricoter.

 

VERONIQUE- Guy ne doit pas être content d'entendre que les hommes, malgré leurs poils, n'ont réussi à inventer ni tressage, ni tissage.

 

ARIANE- Guy n'a pas voix au chapitre. Ici, ce sont les femmes qui parlent. (En s'adressant à lui, sous la table) Mais écoute bien, Guy, car d'après Freud, les petits garçons aussi ont leurs complexes, vis à vis de leur père comme par rapport à leur mère. Jacques Lacan, le fameux héritier français de Freud, le formule dans son style fleuri:

 

Le désir de la mère n'est pas quelque chose qu'on peut supporter comme ça, que cela vous soit indifférent. Ça entraîne toujours des dégâts. Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes - c'est ça, la mère. On ne sait pas ce qui peut lui prendre tout d'un coup, de refermer son clapet. C'est ça, le désir de la mère.

 

MARIE- (ironique) Cela vous donne une de ces envie d'avoir des enfants...!

 

VERONIQUE- Freud a bien dit: Quiconque promet à l'humanité de la libérer des épreuves du sexe sera accueilli en héros - quelque ânerie qu'il débite.

 

VERONIQUE- Pauvres mâles ! Nous les attirons si fort qu'ils déraillent. C'est logique qu'après ils racontent des âneries.

 

CAMILLE- Ho, ho, vous n'allez tout de même pas les pardonner pour leurs beaux yeux!

 

MARIE- Sûrement pas, en tout cas pas pour leurs beaux yeux. Mais si on ne comprenait pas leur trouble, est-ce qu'on rirait de leurs blagues machistes?

 

ARIANE- Honnêtement, comment s'étonner des errements des psychologues, psychiatres, psychanalytiques ? Les philosophes fouillent au fond d'eux-mêmes depuis l'antiquité et s'y perdent si souvent. C'est bien plus compliqué de pénétrer dans la tête d'un autre.

 

MARIE- Sans doute, mais aujourd'hui, la neurobiologie leur fournit des machines sophistiquées qui leur permettent d'observer le cerveau en action!

 

ARIANE- ... et déjà les uns disent que le cerveau féminin et masculin sont identiques, tandis que d'autres, comme Serge Ginger, s'amusent à nous affirmer qu'ils sont tout à fait différents. Il court d'un pays à l'autre pour le raconter:

 

En fait (on pourrait affirmer que les femmes et les hommes) appartiennent à deux «espèces» différentes ! À cette époque où les scientifiques viennent d’achever les premières phases de décryptage du génome humain, vous savez peut-être (...) que l’homme et le singe possèdent un patrimoine génétique de base commun à 98,4%, ce qui laisse 1,6% de différence seulement… contre environ 5% de différence génétique entre l’homme et la femme. Ainsi, un homme mâle est physiologiquement plus proche d’un singe mâle que d’une femme! … Et, naturellement, les guenons sont proches des femmes!

 

GERALDINE- Mes sœurs guenons, nous sommes revenues à notre cher Proudhon pour lequel une femme qui exerce son intelligence devient laide, folle et guenon.

 

On peut projeter sur le rideau le dessin d'humour très connu du cerveau de femme et du cerveau d'homme.

 

Cosmétique Nietzsche

 

Scène 9

 

CAMILLE et GÉRALDINE entrent en se chamaillant. Elles ne remarquent pas la présence de MAGALI.

 

CAMILLE- Je suis sûre que vous n’avez pas cité Proudhon par hasard! Cela vous arrange bien de discréditer celui qui a dit : La propriété, c’est le vol. Voilà pourquoi je ne voulais pas venir à ce banquet: je savais que sous le prétexte de vous moquer des hommes vous voudriez faire passer vos idées réactionnaires.

 

GERALDINE- Je peux vous retourner le compliment. On pourrait dire que vous n'avez qu'une idée en tête, attaquer l'Église.

 

CAMILLE- Qui l’a bien mérité, entre nous!

 

GERALDINE- Et Proudhon ne l’a pas mérité?!

 

CAMILLE- Sa langue a fourché... La droite, elle, a toujours méprisé les femmes. Edmund Burke, un politicard anglais qui se disait "libéral", le résume en une seule phrase: La femme, ce n'est qu'un animal, et encore pas de l'ordre le plus évolué.

 

GERALDINE- Et votre Marx et Engels qui voulaient casser la famille, enlever les enfants aux parents et les faire éduquer "par la société" ?! Staline et Mao comme pédagogues de ma descendance ? Non, merci !

 

MAGALI- Pardon de m'en mêler, mais votre discussion est bien animée...

 

CAMILLE et Géraldine- Elle est insupportable, avec ses œillères idéologiques!

 

MAGALI- Vous êtes chacune dans votre logique partisane, mais n'oubliez pas, vous n'êtes pas seulement une députée et une philosophe. Vous êtes aussi des être humains, des femmes. Faites comme moi, mettez-vous nues.

 

CAMILLE et Géraldine- Entièrement nues ??!

 

MAGALI- Vous n'allez pas me laisser nue toute seule! Allons-y, à chacune de vos répliques, je vous enlève un vêtement.

 

CAMILLE - Très bien. Je ne dis plus rien.

 

MAGALI- Et, hop! (Elle lui enlève son pull.)

 

CAMILLE- De toute façon, je n’avais plus rien à dire à cet esprit rétrograde. (Magali lui enlève son chemisier. Camille est torse nu.)

 

GERALDINE- Rétrograde! Il n’y a pas plus conventionnel que vos idées!

 

Magali commence à la déshabiller.

 

(A Magali:) Enfin... nous n'avons pas les mêmes raisons que vous...

 

MAGALI- (lui enlève son soutien-gorge) Non, laissez, restez ainsi, cela vous fera du bien... Essayez. ça fait un drôle d'effet d'être nue quand les autres sont habillés. Même si nous sommes entre nous... Cela ouvre les yeux sur notre réalité d'être charnel.

 

Après une courte hésitation, CAMILLE et GÉRALDINE acceptent de rester torse nu.

 

GERALDINE- Allez, si c'est notre gentille Magali qui nous le demande...

 

Entrent LES AUTRES. Elles se figent de surprise.

 

MAGALI- Elles se disputaient, alors je leur ai conseillé de se déshabiller. Vous allez voir, ça agit comme un calumet de la paix.

 

MARIE, en s'installant à la place de l'oratrice:

 

MARIE- La paix soit avec elles.

 

Nous avons parlé des religieux, politiciens, philosophes, psychologues et poètes. Passons à ma partie, je crois que les opinions sur les femmes de mes collègues scientifiques ne sont pas piquées des vers non plus.

 

Je commence par Pythagore, l'un des piliers des mathématiques et de la philosophie depuis 25 siècles. Pour lui Il y a un principe bon qui a créé l'ordre, la lumière et l'homme.

Il y a un principe mauvais qui a créé le chaos, les ténèbres et la femme.

 

CAMILLE- Nous avons déjà cité les philosophes ! Nous n'allons pas recommencer depuis l'antiquité.

 

VERONIQUE- Marie a le droit de dire ce qu'elle veut. Ne prétend pas tout savoir.

 

CAMILLE- En plus, Pythagore n'a jamais dit ça.

 

MARIE- On ne prête qu'aux riches. Tout le monde lui prête cet axiome et on l'utilise contre nous.

 

Je continue avec Aristote qui était philosophe de son état, mais passionné par la biologie qui est, comme vous le savez, mon domaine de recherche. Il l'a reçue en héritage puisqu'il descendait d'une longue lignée de médecins. Quand Aristote, le grand Aristote, écrit sur la fécondation et la gestation, il formule d'exquises absurdités dns des termes tellement savants qu'elles en deviennent incontestables. Elles n'ont d'ailleurs pas été contestées pendant des siècles.

 

Dans l'extrait que je lirai, il parle des animaux, mais n'hésite pas à élargir ses conclusions aux humains.

 

Elle se met debout pour lire Aristote.

 

Aristote affirme que les mâles sont actifs et chauds, les femelles passives et froides. Il a écrit textuellement :

 

(...) les mâles sont produits en plus grand nombre quand le vent est du nord que quand il est du sud (...).

 

Il faut se rappeler qu'en Grèce, c'est le vent du nord qui apporte la chaleur.

 

(Et inversement) les eaux dures et froides produisent dans certains cas la stérilité, dans d’autres cas la naissance de femelles.

 

VERONIQUE- On pourrait se dire qu'après une telle douche froide, les chercheurs d'aujourd'hui n'oseront plus prendre aucune hypothèse pour la certitude définitive.

 

MARIE- Au contraire, la plupart d’entre eux n'ont pas tiré la leçon de cet exemple.

 

Aristote conclue :

 

Celui qui ne ressemble pas aux parents est déjà, à certains égards, un monstre: car dans ce cas, la nature s’est (...) écartée du type générique. Le tout premier écart est la naissance d’une femelle au lieu d’un mâle. Mais elle est nécessitée par la nature, car il faut sauvegarder le genre des animaux où mâles et femelles sont distincts.

 

CAMILLE- Voyons, il est évident la naissance des femelles que nous sommes représente une monstruosité.

 

MARIE- La Bible juive et chrétienne a exprimé le mépris des femmes comme une vérité venant de Dieu, puis les savants de l'Antiquité, du Moyen-Age et de la Renaissance ont élaboré des bases soi-disant scientifiques de ce mépris. Ainsi, au XVIe siècle, Levinus Lemnius, médecin très connu dans toute l'Europe, a-t-il écrit:

 

La femme abonde en excréments et à cause de ses fleurs (Lemnius nommait ainsi nos règles) exhale une mauvaise senteur, aussi empire-t-elle toutes choses et détruit leurs forces et facultés naturelles.

 

Lemnius croit que le sang menstruel fait faner les plantes, tue les abeilles, rend les chiens enragés, stérilise les ânesses et avorte les juments. Il croit même que ce sang ternit l'ivoire et élime le tranchant des outils en fer.

 

VERONIQUE- Les hommes rêvent de nous faire l'amour, mais qu'ils peuvent être méchants par rapport à notre sexe!

 

GERALDINE- Que voulez-vous, il leur fait peur.

 

ARIANE- Rien que son nom: vagin. VAAAAA... Regardez ma bouche comme elle est ouverte, un vrai précipice...

 

VERONIQUE- Le nom que les hommes ont donné à notre sexe semble renvoyer l'écho d'une caverne sans fond: Cooooon...

 

MARIE- Les hommes baptisent leur propre sexe de centaines de noms, un plus imagé que l'autre. Il parait qu'ils l’appellent l'arc-boutant, la plume de l'amour, le flambeau de Cupidon, le plongeon de Vénus, le pinceau qui redonne la couleur aux filles... šous pouvez trouver ces expressions et bien d'autres dans le formidable Dictionnaire des mots du sexe d'Agnès Pierron.

 

ARIANE- Savez-vous pourquoi ils donnent des noms à leur pénis? Pour ne pas être gouvernés par un étranger.

 

GERALDINE- Il n'y a pas que les hommes qui ont peur de notre grotte. Ma gynéco m'a récemment avoué que pendant les trente premières années d'exercice, elle n'a JAMAIS prononcé le mot "vagin" devant ses patientes!

 

MARIE- N'exagérez-vous pas cette peur que les hommes auraient de nous ? Je n'ai jamais dû courir après aucun pour l'avoir ...

 

ARIANE- Bien sûr que non, pas plus qu'une souricière ne court après les souris.

 

CAMILLE - Puis-je être sérieuse une seconde ? Je ne sais pas trop si les hommes craignent les femmes, tout au plus appréhendent-ils d'être rejetés par celles qu'ils désirent. Par contre, ils ont une peur infantile de ce que nous représentons pour eux: la nécessité de choisir entre toutes les conquêtes féminines qui s'ouvrent à eux et l'obligation de s'engager par rapport à nous et nos enfants.

 

ARIANE- Ouf, je suis soulagée, nos mâles restent forts, ils craignent juste de devenir adultes.

 

MARIE- Peu m'importent leurs raisons, mais ils peuvent être vraiment très durs avec nous. J'ai dû en entendre des blagues macho dans les salles de garde... ! Allez, je vous en dis trois de leurs préférées, accrochez-vous:

 

La première :

 

- La femme a six lèvres: deux pour dire des bêtises et quatre pour se les faire pardonner.

 

La seconde :

 

Une femme se regarde dans la glace et soupire :

- Je suis horrible, ridée, pleine de bourrelets... J'aurais besoin d'un compliment.

Son mari répond :

- T'as une bonne vue.

 

La troisième, pour faire le compte :

 

Une femme se prépare pour le carnaval, mais ne sait pas en quoi se déguiser. Elle se déshabille et se peigne toute entière en blanc.

Pris de court, le jury lui demande :

- Que représentez-vous ?

La femme lève une jambe et dit:

- Une carie.

 

J'ai ri comme tout le monde et je me demande encore, pourquoi?

 

GERALDINE- Pour vous faire accepter, tout simplement. Je connais cela, c'est pareil en politique.

 

MARIE- Peut-être, mais il y en avait qui étaient vraiment drôles.

 

Une de ces boutades macho m'a joué un drôle de tour. Pendant mon internat, un jeune médecin m’invite chez lui et qu'est-ce que je vois affiché au-dessus de son lit? Une citation de Cavana: Elles étaient toujours jeunes et belles parce qu'avant qu'elles ne fussent vieilles, on les jetait aux chiens.

 

Il faut un toupet monstre pour coller cette phrase au-dessus de son lit quand on courtise une jeune dame... Mais il paraît que si un homme nous fait rire, nous sommes déjà une jambe dans son lit. Ce collègue, cela fait 10 ans que nous sommes mariés... Et il arrive encore à me faire rigoler!

 

CAMILLE- Bon, t'es amoureuse d'un macho, grand bien te fasse. Mais arrête ces horreurs!

 

MAGALI- Les puritains devraient porter deux feuilles de vigne devant les yeux.

 

Allez, ne vous fâchez pas, ce n'est pas moi qui le dit, c'est de mon bien aimé aphoriste polonais Stanislaw Jerzy Lec.

 

MARIE- Pour vous faire oublier ces sauvageries, je vous dirai une petite histoire toute mignonne, racontée, elle aussi, par ces jeunes messieurs:

 

Un vieil homme chez son généraliste se plaint amèrement.

Le docteur teste ses réflexes qui fonctionnent, lui demande s’il a des problèmes de digestion, mais le patient le rassure:

- Mon estomac? Je pourrais manger des clous!

Le médecin examine son cœur et dit, encourageant:

- Votre cœur est en acier !

- Mon cœur ! Il a rien, mon cœur, je peux même courir après les jeunes femmes !

- Mais alors, où est le problème ?

- Docteur, quand je les rattrape, je n’arrive pas à me rappeler pourquoi…

 

Rideau. Projection d'une image, puis de la citation:

 

Nous sommes tous dans la même galère sexuelle, mais chacun rame sous son propre pavillon érotique.

Bohumil Hrabal

 

 

 

 

 

Scène 10

 

ARIANE- Pour nous aider à digérer, voici Le sorbet au concombre et à la menthe de Karine Muraille.

 

CAMILLE- Cela tombe bien, après un tel gavage...

 

(En s'adressant à tout le monde) Vous participez à ce banquet, mais finalement, vous n'en avez que faire des âneries que les hommes racontent sur nous.

 

GERALDINE- Mais non, mais non. Qu'est-ce qui vous donne cette impression?

 

ARIANE- Je m'attendais à des absurdités, mais pas à ce point. Certaines de ces citations dépassent l'entendement. C'est amusant pendant un moment, puis on se lasse. Nous n'avons pas l'esprit jusqu'auboutiste des hommes.

 

MARIE- Ariane, sais-tu pourquoi Dieu a créé les femmes stupides? Pour qu'elles puissent supporter les hommes.

 

ARIANE- Merci pour le compliment !

 

Je n'oublie par les férocités qu'ils ont pu faire aux femmes, mais d'un autre côté, il nous est facile de les mener par le bout du nez, pour ne pas le dire plus crument. Leur tête, c'est un étage, leur estomac un autre, ils en ont un troisième, mais pas d'escalier entre eux...

 

MARIE- Avoue! Tu t'en fous de ce qu'ils racontent, pourvu qu'ils baisent bien.

 

ARIANE- Pourquoi pas ? Je ne suis pas un homme pour écouter des contes de fées pendant mille et une nuits.

 

MARIE- T'as raison. Pour nos mères l'amour passait par l'estomac. Pour notre génération il est descendu plus bas. Où va-t-il migrer pour nos filles?

 

Magali se lève:

 

MAGALI- Vous avez bien ri avec la parodie du Manuel de la femme catholique. Je pourrais aussi vous citer 60 préceptes islamiques sur les menstrues et le jeûne pendant le Ramadan.

 

MARIE- Parce que cela existe, 60 règles sur les règles?

 

Musique religieuse orientale.

 

MAGALI- Bien sûr, et c'est tout à fait sérieux. Allah n'a-t-il pas ordonné: S'ils t’interrogent sur les menstrues, dis: c’est une source de mal.

 

Ainsi, lors du Ramadan, si les saignements d'une femme commencent avant la tombée du jour, son jeûne ne compte pas et elle doit jeuner une journée de plus. S'ils s'arrêtent avant l'aube, son jeûne est accepté, et cela même si elle ne se lave qu'après la levée du jour, mais si, au contraire, et si encore, et si autre chose... A la fin, son jeûne est prolongé de plusieurs jours après la fin de celui des hommes.

 

ARIANE- Comme si nos « petites lunes » n'étaient pas déjà assez pénibles comme ça...

 

MARIE- Allah ne s'est pas trompé, il a juste oublié d'ajouter qu'elles étaient une source de mal pour nous. Tant pis, il faut bien que les hommes puissent travailler en paix au moins une semaine par mois...

 

VERONIQUE- On peut voir la phrase d'Allah sous cet angle, c'est rigolo. Mais tout de même, accuser nos règles d'être une source de mal...

 

Il parait que le Prophète aimait bien les femmes. Malgré cela, le verset 11 de la Sourate 4 affirme au sujet de l'héritage: Le Très Haut a dit : (...) au fils, une part équivalente à celle de deux filles. Et pour un homme assassiné la famille doit être dédommagée deux fois plus que pour une femme.

 

MAGALI- Cela ne nous change pas de la Bible.

 

MARIE- Tout le monde sait que la femme est la moitié de l'homme! La meilleure moitié, comme ils clament galamment. C'est peut-être pour cela qu'au lieu d'une seule le Prophète en a épousé quatre.

 

 

 

MAGALI- Laissons le Prophète reposer tranquille, ce sont surtout les exégètes qui posent problème - chez les musulmans comme chez les catholiques, calvinistes, juifs, communistes ...

 

CAMILLE- Oh, oh, oh, oh...! Tu y va un peu fort avec le communisme. Ce n'est pas une religion!

 

GERALDINE- Vraiment pas ? Finalement, vous avez peut-être raison : on ne peut pas comparer les cathédrales gothiques et les salles de réunion communistes...

 

CAMILLE- Passons. Tous ces bons croyants ont fabriqué des fouets pour tenir les femmes à carreau. Et pour nous faire avaler leurs idées, ils nous ont éloignées de l'instruction. Ce n'est pas pour rien que le Rabin Eliezer ben Hyrkanos mettait les Juifs en garde: Celui qui apprend la Torah à sa fille, perd son temps. Plutôt brûler la Torah que la donner aux femmes.

 

ARIANE- Balzac n’était pas rabbin, mais pour lui aussi c'était clair: Vous devez avoir horreur de l'instruction chez les filles. Laisser une femme lire les livres que son esprit la porte à choisir, c'est lui apprendre à se passer de vous.

 

MAGALI - Il plaisantait.

 

MARIE- Horreur pour horreur, je cite Sacha Guitry: Quand on dit d'une femme qu'elle est cultivée, je m'imagine qu'il lui pousse du persil dans les oreilles et de la scarole entre les jambes.

 

GERALDINE- Voilà la réponse à ma question sur les femmes philosophes : elles servent à faire pousser des légumes.

 

CAMILLE- Je ne suis pas sûre que les femmes politiciennes soient aussi utiles.

 

GÉRALDINE et CAMILLE rient, elles sont devenues complices.

 

MAGALI- J'aimerais bien rire avec vous, mais j'ai du mal à ne pas y penser. Au Moyen-Orient, pour une infidélité conjugale la femme peut être lapidée encore aujourd'hui. Pouvez-vous l'imaginer ? On vous enterre jusqu'à la taille puis on commence à vous jeter des pierres, d'abord petites, dans le dos, dans la poitrine, pour ne pas vous tuer tout de suite, puis des plus en plus grandes dans la nuque, au visage... Cela peut durer une éternité !

 

VÉRONIQUE, compatissante, prend MAGALI par les épaules, l'amène vers les porte-manteau ou une armoire, l'habille d'un caftan. Magali l'accepte.

 

MARIE- Magali, nous avons dit que nous allions nous amuser avec les âneries des hommes, mais tu nous as enlevé toute envie de rire.

 

Pour moi, biologiste, il est terrible que même la science, au lieu d'apporter la lumière, peut contribuer à assombrir le monde. Les chercheurs font des découvertes fabuleuses, par exemple les testes intra-utérins qui chez nous sauvent tant de futurs enfants. En Inde, en Chine, il paraît qu'au Vietnam et ailleurs encore, on les utilise pour avorter massivement les fœtus féminins. Les femmes ne sont pas seulement impures, là-bas elles ne méritent même pas de vivre. Rien qu'en Inde cela représenterait 50 millions de petites victimes par an.

 

VERONIQUE- Avant on tuait les filles "en trop" après la naissance...!

 

MAGALI- Quel progrès!

 

GERALDINE- L'extermination des petites filles n'est pas motivée par la religion, mais par l'économie.

 

CAMILLE- Vous n'allez pas absoudre les religions aussi facilement! Ce sont tout de même elles qui ont grandement contribué à dévaloriser les femmes.

 

ARIANE- J'ai toujours été intriguée par le fait que si les prophètes étaient partout les hommes, leurs fidèles se recrutaient surtout chez les femmes.

 

MARIE- Ne serait-ce pas notre ventre qui nous pousse vers le mysticisme ? Porter à l'intérieur de soi un bébé, tout de même, cela dépasse l'entendement...

 

CAMILLE- Ce n'est pas une raison pour se jeter dans les bras des curés. Oh, Magali, excusez-moi!

 

MAGALI- Il n'y pas de quoi.

 

Ce sont les femmes qui exécutent les idées barbares des hommes. Et, en plus, elles les transmettent à leurs enfants. 

 

MARIE- La bêtise n'a pas de sexe...

 

VERONIQUE- Tu devrais plutôt dire : L’intelligence n'a pas de sexe.

 

MARIE- Bien, ma féministe préférée.

 

ARIANE- A mon avis, la vraie intelligence ne peut pas être asexuée...

 

MAGALI- En Afrique et ailleurs, ce sont les femmes qui excisent les petites filles, et encore elles qui recousent le vagin des adolescentes pour être sûres de les livrer vierges à leur mari.

 

GERALDINE- Ça n'a pas de rapport avec les religions, les religions servent d'excuse à posteriori !

 

MARIE- J'ai vu des planches anatomiques montrant leurs infernaux procédés. Comme la couture doit tenir plusieurs années, elles utilisent un gros fil, probablement sans anesthésie. Elles ne laissent que de toutes petites ouvertures pour l'urine et le sang menstruel.

 

GÉRALDINE- Vous ne pourriez pas nous l'épargner ces horribles précisions?...

 

MARIE- Et vous, les politiciens, vous ne pourriez pas chercher comment épargner ces horribles tortures aux jeunes Africaines ?

 

GERALDINE: Si, si, en décembre 2012 l'ONU a voté une résolution contre cette tradition. Elle a déjà été signée par 110 États dont presque la moitié en Afrique.

 

MARIE- C'était pas trop tôt !

 

VERONIQUE- Puis-je vous faire remarquer que les hommes n'ont besoin ni de religions, ni de lois machistes, peut-être même pas de préjugés pour nous violer...

 

MAGALI- ... ni pour s'opprimer entre eux, se torturer et s'entretuer dans des guerres! Voilà pourquoi, à la fin de sa vie, Goethe a soupiré : Mieux je connais les hommes, plus j'aime mon chien.

 

ARIANE- Attendez, les filles ! Arrêtez ! Notre banquet devait être un moment de plaisir et d’amitié dans une grotte accueillante, et à présent il glisse dans un vertigineux trou noir.

 

Elle saisit une bouteille de champagne et fait sauter le bouchon.

 

Buvons à la jeunesse, à la beauté, à la joie de vivre !

 

VÉRONIQUE- Magali, si je te comprends bien, tu voudrais instruire entre les hommes et les femmes un procès en divorce aux torts partagés.

 

MAGALI- Je serais plutôt pour une réconciliation aux mérites partagés...

 

MARIE- Magali, comme en France tout se conclue par une chanson, j'en ai une pour toi:

 

Les dames du temps jadis, on le sait,

en ont vu de toutes les couleurs.

Même si les hommes leur lançaient

des éloges en guise de leurres.

 

Tous ces hommes pensants,

pédants, sots et arrogants,

ont dit sur les femmes

plein d'âneries infâmes!

 

Elles n'avaient ni âme, ni cervelle,

on les traitait de sorcières.

Il valait mieux ne pas naître femme,

sinon, (il) ne restaient que les prières.

 

TOUTES- (chantent le refrain avec Marie)

 

Tous ces hommes pensants,

pédants, sots et arrogants,

ont dit sur les femmes

plein d'âneries infâmes!

 

MARIE-

 

Depuis le siècle dernier elles votent,

elles peuvent même raccourcir leurs jupes,

mais il faut toujours qu'elles pelotent

leurs bébés, balaient et préparent la soupe.

 

Le refrain est projeté au mur, Marie invite par gestes les spectateurs à chanter avec les actrices.

 

TOUTES-

 

Tous ces hommes pensants,

pédants, sots et arrogants,

ont dit sur les femmes

plein d'âneries infâmes!

 

MARIE-

 

Aujourd'hui les savants professent:

"La femme est l'égale de l'homme."

La pub étale sur les murs ses fesses,

mais la déesse garde le bâillon.

 

MARIE et ARIANE encouragent les spectateurs à chanter.

 

TOUTES-

 

Tous ces hommes pensants,

pédants, sots et arrogants,

ont dit sur les femmes

plein d'âneries infâmes!

 

Rideau. Projection.

 

 

Sainte Nitouche

 

Scène 11

 

ARIANE- Avant le "verre d'adieu", je vous offre une délicieuse combinaison Fraises et gingembre confit. Un aphrodisiaque très efficace, j'ai eu l'occasion de le vérifier.

 

VERONIQUE- J'ai l'impression que nous avons fait le tour. Si nous ne devons plus citer les âneries des hommes, je vais vous raconter leur grand rêve.

 

Il paraît qu'au centre de l'Europe il y a un petit pays où les femmes sont contentes d'être femmes et heureuses que les hommes les désirent.

 

Mon mari va souvent en Slovaquie pour son travail et au retour, il me chante toujours et encore la beauté des jeunes filles et leurs sourires. Il leur sourit, elles lui sourient, cela ne va pas plus loin, dit-il, en tout cas pas plus facilement qu'en France, mais il en est tellement heureux! Tous ses collègues s'enchantent de la même façon. Il semble qu'ici, nous répondons aux regards des hommes par une moue de mépris.

 

CAMILLE- Ce n'est pas pour rien que Jean Cocteau a dit: Les Français sont les Italiens tristes.

 

MAGALI- Normal pour notre pays réputé la fille ainée de l'église.

 

Mais dis-moi, en Slovaquie, ils n'ont pas d'église catholique?

 

VERONIQUE- Si, bien sûr, mais pendant la guerre elle s'est compromise avec les nazis, puis avec les communistes, cela lui a limé les dents.

 

CAMILLE- Il ne faut tout de même pas oublier que le communisme a équilibré les relations entres hommes et femmes!

 

GERALDINE- Oui, il leur a donné le même droit d'utiliser le marteau-piqueur pour casser les cailloux sur les routes!

 

MAGALI- Dites, vous deux, votre nudité ne vous a pas beaucoup rapprochées...

 

GERALDINE- Bien sûr que non. Moi, quand je me promène torse nu je me sens comme une prêtresse égyptienne. Camille, elle, doit se prendre pour une prolétaire dépouillée de sa dernière chemise.

 

GÉRALDINE et CAMILLE rient, les autres les rejoignent.

 

MAGALI - Véronique, ton mari a des rêves bien gentils - enfin, j'espère pour toi que ce ne sont que des rêves. Et nous, les femmes, à quoi rêvons-nous? Si maintenant, dans cette cave où nous sommes tranquillement entre nous, passait le Superman dans un nuage de phéromones, vous vous engouffreriez dans son sillage.

 

GÉRALDINE - Magali, comment pouvez-vous dire des choses pareilles ?!

 

MAGALI - Je suis en train de lire un bouquin qui me stupéfie, Les femmes de dictateur de Diane Ducret. Par moment, j'ai honte d'être femme. Imaginez que ce nain de Hitler a reçu plus de lettres d'amour que Mick Jaeggers et les Beatles réunis! Encore en 1941, après deux années de guerre, dix mille femmes se pâmaient en pensant à lui. De son côté, Mussolini récoltait 30000 à 40000 lettres par mois, le plus souvent de la part des femmes qui ne l'avaient même pas approché. Les femmes russes ont pleuré Staline, aujourd'hui, elles rêvent de Poutine. Avec cela, Hitler et Mussolini méprisaient les femmes et Staline a poussé la sienne au suicide. Mussolini a décrit leur attitude avec une grande économie de mots: La foule, comme les femmes, est faite pour être violée.

 

MARIE- Tous des machos, et nous toutes en voudrions un plus macho que les autres.

 

GÉRALDINE - N'exagérons rien, il n'y a pas que les femmes qui ont succombé à Hitler, Mussolini et Staline. Les hommes aussi les ont suivis comme les moutons.

 

Et d'abord, Magali, qu'est-ce que vous en savez, des hommes et des femmes? Vous n'avez pas dû en apprendre grand-chose, avec votre curé.

 

MAGALI - Il y a des curés très experts, surtout avec des petites filles.

 

GÉRALDINE veut objecter...

 

Excusez-moi, Géraldine, cela m'a échappé. Il faut que j'arrête.

 

Je dois avouer que j'ai un peu joué avec vous toutes. L'histoire du curé que je vous ai racontée n'était pas la mienne...

 

CAMILLE- Véronique, tu le savais!

 

VÉRONIQUE- Je savais que Magali faisait un doctorat de sociologie, mais elle ne m'a rien dit d'autre. Magali, j'ai l'impression que tu m'as trahie...!

 

MAGALI- Mea culpa, mea maxima culpa, mais quand je vous ai vues à l'expo d'Ariane, élégantes, plutôt riches, contentes de vous - et un brin condescendantes à mon égard, j'ai eu envie de faire l'andouille.

 

TOUTES- (un brouhaha de protestations) Mais quel toupet! Nous n'étions pas condescendantes. Magali, on joue pas comme ça avec son avocat!

 

MARIE- (les interrompe en chantant)

 

Andouillette gentille andouillette

andouillette je t'étriperais
je te réduirais en miettes
je te réduirais en miettes
et en miettes
et en miettes...

 

Ne t'en fais pas, Magali, tu es tout sauf andouille!

 

MAGALI- Ce n'est pas de moi qu'un curé a abusé, mais de ma mère. Elle s'en est remise, je suis née, mais mon père a mis une vingtaine d’années à la libérer de ses sentiments de culpabilité et de saleté.

 

GÉRALDINE- Tout à l'heure, vous n'avez vraiment pas été gentille, vous ne pouvez pas condamner l'église à cause de quelques brebis galeuses.

 

MAGALI- Oublions les brebis galeuses et revenons au troupeau entier.

 

Je ne parle pas de l'église. Pour vous, les fautifs, ce sont les hommes, point, barre, à la ligne. Vous n'avez pas beaucoup aimé quand je vous ai rappelé que les femmes pouvaient être co-responsables, que même vous pourriez l'être, au moins en partie.

 

MARIE- Magali, tu ne peux pas nous mettre dans le même sac avec ces pauvres femmes qui excisent leurs filles...!

 

MAGALI- Oui, je sais, je n'oublie pas l'aphorisme de Lec : Ne mets pas tout mettre dans le même sac, sinon tu n'arriveras pas à le soulever.

 

Mais tout de même, regardez-vous un peu. Une scientifique, une philosophe, une juriste - trois féministes déclarées, et vous croyez à ces crétineries sur les divisions du cerveau en masculin et féminin qu'aucun biologiste sérieux ne défend. Une législatrice et une avocate, et vous admettez que la frontière entre les "bons" et les "méchants" pourrait passer par la différence des genres. Une "révolutionnaire" et une "conservatrice" qui se réconcilient, toutes heureuses de découvrir que l'autre aussi a succombé à un mâle qui ne partageait pas ses opinions politiques. En plus, vous vous moquez de l'esprit de système des hommes comme si vous-même pouviez vous en passer dans vos métiers. Vous ne trouvez pas que vous êtes un peu trop prisonnières de votre éducation, de vos préjugés, de votre classe sociale?

 

MARIE- (en marseillais) Eh, bé, ma caille, quelle encroyeuse !  ("fière", en marseillais.)

 

C'est pas bête ce que vous dites, Magali. Vous avez raison d'être fière. Il y a des gens intelligents dès leur naissance et d'autres qui restent stupides même dans l'au-delà, mais les humains sont rarement entièrement blancs, entièrement noirs. De surcroit, leur valeur peut changer en fonction des circonstances.

 

VERONIQUE- Marie, ne vous laissez pas embarquer par Magali, elle nous a déjà assez menées en bateau. Et puis, il se fait tard. Restons-en à notre petit banquet sur les âneries des hommes.

 

MARIE- Je crois que sur ce sujet Frigyes Karinthy a tout résumé: Les hommes et les femmes, comment pourraient-ils s'entendre? Chacun veut autre chose: les hommes veulent les femmes, les femmes veulent les hommes...

 

CAMILLE- Il faut accepter notre dualité humain - animal et nous respecter dans cette dualité. Sinon, nous ramons tout droit dans l'Absurdistan.

 

GERALDINE- Camille, pouvez-vous nous le traduire en français courant avant que le persil ne sorte de vos oreilles?

 

CAMILLE- Nous sommes à la fois des animaux et des humains - et nous devons nous accepter en tant que tels. A partir de là, vogue la galère.

 

GERALDINE- Je comprends que l'on vous considère comme une grande philosophe. Cousine de La Palisse, avec une découverte comme celle-là vous serez célèbre même en Slovaquie!

 

Camille rit.

 

ARIANE- Disons que ce sera notre conclusion.

 

MARIE soulève la nappe pour faire sortir Guy de sous la table, mais il n'y a personne.

 

MARIE- (elle se tourne vers Ariane) Tu nous as bien eu avec ton Nu à la girouette.

 

ARIANE- Tu ne pensais pas que j'allais t'offrir Guy sur un plateau.

 

Elle distribue des verres, puis allume une guirlande lumineuse, ou une bougie étincelante.

 

MARIE- Je me souviens du temps où tu étais plus partageuse.

 

ARIANE- Que veux-tu, mon glorieux passé, le temps change tout, même le temps.

 

Oscar Wilde a écrit que les hommes voulaient être le premier amant de la femme, tandis que nous rêvons d'être leur dernier amour.

 

J'aimerais terminer notre banquet par un adorable extrait de la pièce de théâtre César de deux joyeux lurons tchèques, Voskovec et Werich..

 

VERONIQUE- Décidément, nous n'en sortons pas, de l'ex-Tchécoslovaquie...

 

ARIANE- La finale de César décrit le voyage de retour d'Ulysse après la guerre de Troie. Dix années de combats pour une femme !... Comme vous le savez, Ulysse doit affronter toute sorte de menaces et l'une des pires est l'amour de Circé, la sorcière. Elle attire Ulysse sur son île et, pour pouvoir filer tranquillement la romance, elle change ses matelots en porcs:

 

Une fois l'équipage du bateau transformé en cochons, la sorcière et Ulysse s’enflamment d'amour.

 

La passion éteinte, Circé permet à Ulysse de re-transformer ses cochons en matelots.

 

Et là, Ulysse subit une grosse honte.

 

Arrivé à la porcherie il dit:

- Chers amis, c'en est fini de votre destin de porcs, vous serez à nouveau des hommes!

 

Mais en réponse les matelots ont juste grogné:

- Il n'en est pas question!

 

Une fois officiellement porc, je n'ai plus besoin de sublimer mes instincts.

Plus de libido, plus de sentiments d'infériorité, plus de complexe d'Oedipe,

Freud, pas Freud, maintenant, je suis cochon!

 

LES ACTRICES pourraient esquisser un mouvement vers le sol, comme si elles voulaient se mettre à quatre pattes. MAGALI, amusée et joyeuse, fait un saut périlleux ou se met sur ses mains, la tête en bas.

 

Le rideau tombe.

 

Après une image, on peut projeter sur le rideau quelques aphorismes:

 

- Les pensées de certains sont si basses qu'elles ne leur arrivent pas jusqu'à la tête.

- Le foin n'a pas la même odeur pour les chevaux et pour les amoureux.

- Suite à la demande sociale, les hommes naissent de l'initiative privée.

- Aucune réforme du calendrier ne raccourcira la grossesse.

- Aux jeunes gens d’aujourd’hui: Les femmes de notre génération étaient différentes. Au moins dans notre imagination.

- Elle a traversé ma vie en dépit du code de la route.

- Peupler le monde est facile. Dépeupler le monde est facile. Où donc est le problème?

 

                                                                                                           Stanislaw Jerzy Lec

 

 

Peter Klúčik

 

Exprimez-vous. A vos plumes. Merci pour vos critiques.

 

Toutes les contributions sont lues par l'auteur

avant d'être publiées.

 

 

Les "contributions" au débat qui n'ont pas d'autre but que de promouvoiir le site commercial de leur auteur ne seront pas affichées.

 

 

 

 Si vous voulez lire le résumé de la pièce,

sa version courte,

la description des personnages,

mes réflexions sur le sens de ces Aneries

et sur les mise en scène possibles,

merci de revenir au début de la pièce

puis de choisir l'onglet approprié du sommaire.

 

Si la pièce vous a intéressé

veuillez diffuser l'information sur son existence.

 

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Commentaires

  • Ironique (mardi, 14. mai 2013 11:36)

    Les machos, les bigots de toutes les religions, les féministes, les anti-féministes, les intellectuels et autres savants, les marxistes et maoïstes, sans parler de partisans des droites de tout poil
    seront énervés.
    Seuls les cochons seront contents - s'ils lisent la pièce jusqu'à la dernière ligne.

  • Alta V. (mardi, 21. mai 2013 12:21)

    Une bonne pièce radiophonique...!

  • pierre (mardi, 02. juillet 2013 12:03)

    j'aurais bien aimé vous complimenter pour votre dénonciation des aneries qu'on dit sur les femmes mais toutes les aneries que vous dires sur les hommes m'en empèchent... dès le début, cette histoire
    que LES hommes regardent les matchs de foot... l'homme incapable de poser nu sans bander (mais un beau sexe "au garde à vous"... c'est ridicule !) ... j'ai zappé en espérant mieux mais ça n'arrête
    pas. Un tissus d'aneries sur les hommes. Au passage je vous signale que quand une femme dit d'un homme que c'est "un coureur" ça veut bien dire un coureur de jupons... bref, je pense que vous
    desservez la cause féministe, voire même que vous confirmez une forme de surcapacité des femmes à ne pas pouvoir élaborer un discours un tant soi peu intelligent.

    au plaisir.

  • Marie Claude Bur (samedi, 06. juillet 2013 20:22)

    J’ai beaucoup ri mais j’ai surtout été impressionnée par tant d’auteurs misogynes au fil des siècles que je n’imaginais même pas .... Vous en faites un catalogue dans lequel on a envie de puiser des
    références qu’heureusement vous qualifiez “d’âneries” !

    Bien que n’étant pas féministe au sens péjoratif du terme, je reconnais que nous avons été traitées de manière infâme et qu’il était temps que justice nous soit enfin rendue, du moins sous nos
    latitudes. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir ailleurs...

    A quand une pièce sur tous les auteurs qui ont loué les femmes ???? Je trouverais en effet, en contre partie de cette pièce, fort intéressant d’en lire une truffée de citations d’auteurs non
    misogynes, ne serait-ce que pour me rassurer un peu !

  • Baga (mercredi, 21. août 2013 21:23)

    L'incompréhension entre les hommes et les femmes n'est-elle pas due à une question de domination et de pouvoir ? Jusqu'à ce que la science démontre que le spermatozoïde de l'homme est indispensable à
    la fécondation de la femme ,l'état de grossesse de la femme n'a-t-il pas suscité de l'angoisse chez l'homme se sentant tout d'un coup exclu/inutile de ce lien privilégié et unique entre la femme et
    l'enfant qu'elle porte ? Devant ce grand mystère de la grossesse que l'homme ne connaîtra jamais , il a érigé des lois, des remparts pour amoindrir cet être devenu incompréhensible qu'est la femme
    enceinte , dans le but de se protéger : lui , de la crainte de disparaître . Un ami m'a dit un jour : "Vous , les femmes : vous êtes toute-puissantes lorsque vous êtes enceintes !" Actuellement les
    progrès de la science ont démontré l'indispensable participation de l'homme à la fécondation de la femme , mais parallèlement à celà la femme a acquis des libertés (économique , citoyenne , de pensée
    ...etc) qui l'ont affranchie du joug domestique de l'homme . Les hommes se posent alors la douloureuse question :"Que nous restent-ils , à quoi servons-nous ?" Dans certaines cultures radicales , le
    ventre des femmes est devenu un enjeu politique et presque une arme de guerre . Plus elles enfantent et plus les hommes se sentent puissants .
    Enfin , pour conclure d'une manière générale : le succès des sites de rencontre atteste que les femmes comme les hommes sont bien à la recherche de la même chose et que dans cette chose : le pouvoir
    est partagé .

  • Yrsa (dimanche, 25. août 2013 17:45)

    Ayant eu l'honneur de faire la connaissance de l'auteur et d'avoir pu ainsi apprécier la particularité de son humour, je voudrais exprimer ici ma reconnaissance pour son attitude vis à vis de la
    femme et sa situation en général à travers l'histoire, voire dans notre société occidentale ce jour. Peut-être les origines scandinaves qui me sont propres permettent-elles de reconnaître davantage
    l'admiration qui, à travers cette pièce, est portée à des femmes de valeur (sans jugement aucun), de caractère et d'intelligence (idem). Merci pour nous!

  • Aleksei (mercredi, 25. septembre 2013 14:52)

    Bonjour, Je viens de recevoir la bonne nouvelle de cette creation euromediterraneenne, et je suis pret a apporter ma contribution dans la limite de mes connaissances. Maouche Mohand Ameziane,
    enseignant dans un lycee de Blida en Algeerie. Cordialement !

  • Lénaïc G. (mercredi, 25. septembre 2013 14:54)

    Bonsoir Monsieur,
    j'ai fait lecture de votre ouvrage. J'y découvre des balises qui s'ajustent avec hasard à mes recherches artistiques ! Je tiens à vous signaler que mon regard sur le théâtre est neuf.
    Une brume pesait sur vos mots jusqu'à la scène 7 ou 8 ou 9 quand les corps de forces antagonistes se sont dénudées. Je comprenais ce poids. Des femmes qui en tant que corps sexuées féminins parlent
    d'un regard porté sur les femmes. Un corps sexué sacralisé est de nouveau charnel. Le genre était absent, comme une vallée sans brume : météorologiquement improbable. Alors, Monsieur, voilà, je suis
    loin du drame joué, mais si vos actrices étaient des acteurs, sans exagération et sans complaisance. Ne changez pas leur prénom, ni leur attitude (peut-être leur préférence sexuelle unilatérale
    parfois gênante...) seulement leur sexe. Alors imaginons des hommes (de par leur anatomie) dans le rôle de femme, comme un petit cumulus dans la mise en scène qui soulignera l'ânerie du genre
    prédéfini. Vive la diversité !
    Bien à vous ! Lénaïc G.

  • TT (lundi, 30. septembre 2013 12:46)

    Ce serait formidable que votre pièce soit jouée dans tous les lycées et collèges.

  • HGH (lundi, 28. octobre 2013 14:15)

    Descended from the apes? Let us hope that it is not true. But if it is, let us pray that it may not become generally known. (Descendants des singes ? Espérons que ce ne soit pas vrai. Mais si
    cela l'est, prions pour que cela ne devienne pas connu de tous.)

  • Sylvère-Romain LABIS (mardi, 21. janvier 2014 18:03)

    Bon courage ! Connaissez-vous Valérie Solanas ? Elle a écrit sa rage...

  • Peter Bu (mardi, 28. janvier 2014 22:36)

    Merci à Sylvère-Romain Labis pour avoir attiré mon attention et celle des lecteurs des ma pièce sur le Manifeste SCUM de Valérie Solanas (Manifeste de l’Écume ? C'est le sens littéral du mot utilisé
    et, compte tenu de la légèreté de la plume de l'auteure, cela pourrait être la bonne traduction. Aphrodite n'est-elle pas née de l'écume?... Elle imagine des femmes planant au-dessus des lourdeurs de
    nos sociétés. Voulait-elle, aussi, faire allusion à la rage qui la faisait « écumer »?)

    En les inversant, elle renvoie à la figure des hommes toutes les âneries qu'ils disent des femmes et tout le mal qu'ils leur font.

    « L'homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital. Être homme c'est avoir quelque chose en moins (…) Le mâle, qui méprise sa nature déficiente, est saisi d'une
    anxiété profonde et submergé par une immense solitude lorsqu'il se retrouve dans sa seule affligeante compagnie. Il s'accroche alors à n'importe quelle femme dans le vague espoir de remplir son vide
    intérieur, et se nourrissant de l'illusion mystique qu'à force de toucher de l'or il se transformera en or, il convoite en permanence la compagnie des femmes. (…) Dans une société saine, l'homme
    trottinerait docilement derrière la femme. L'homme est un être obéissant, il se plie facilement au joug de toute femme qui veut bien essayer de le dominer. »

    Ce brillant texte m'a fait rire aux éclats.

    Peut-on rire en lisant ce Manifeste, surtout quand on connait la destinée de Valérie Solanas ? Elle -même y encourage ses lecteurs dès les premières lignes et insiste sur la nécessité de l'humour à
    de nombreuses reprises. (Pour mettre le point sur les « i » : Il y a peu de livres aussi angoissants que Le Procès de Franz Kafka et, pourtant, quand il le lisait à ses amis ils riaient tous.
    Relisez-le sous cet angle pour percevoir toute sa profondeur – même si Franz Josef Bogner, le meilleur clown que je connaisse, m'a lancé lors d'un de ses spectacles : « Rire moins, penser
    plus ! » ne serait pas d'accord.) Cela n'enlève rien à la pertinence de sa description des travers de nos sociétés. En plus, l'auteure exprime et explique sa fierté d'être femme, un autre
    aspect enrichissant de son ouvrage.

    Les réflexions de Valérie Solanas ont donné une forte impulsion au mouvement féministe des années 1970, impulsion positive sauf quand certaines militantes, ignorant le caractère rabelaisien («
    rabelaisien » dans le sens de l'exubérance et de la démesure) du Manifeste SCUM l'ont pris au pied de la lettre. Pourtant Solanas n'est pas tendre avec les femmes non plus et sa « femme idéale »
    ressemble étrangement à ce qu'elle reproche avec une si grande vigueur aux « mâles dominants » égoïstes, imbus d'eux-mêmes, arrogants, « qui se considèrent aptes à gouverner l'univers »,
    condescendants vis à vis des autres, méchants, jouisseurs. Ce n'est pas pour rien qu'après avoir tracé la voie devant aboutir à l'élimination complète des hommes, elle se demande pourquoi, au juste,
    il faudrait continuer à engendrer des femmes...

    Manifeste SCUM de Valérie Solanas est disponible en librairie et sur Internet http://1libertaire.free.fr/fem-scum.html)

  • Peter Bu (lundi, 24. février 2014 15:14)

    Les balbutiements d'un bébé sont adorables, ceux d'un adulte n'ont aucun intérêt. Exceptionnellement, j'ai laissé passer ceux qui suivent. Ce ne sont pas les premiers mais devraient être les
    derniers: le filtre de ce site s'en débarrasse sans difficulté.

    bfeieqznjt (lundi, 24. février 2014 01:55)
    rucjobofsjft.tvs.mft.gfnnft, <a href="http://www.zxemxjdgbf.com/">kldkcsdfds</a> , [url=http://www.rewawjtsnu.com/]ezkcgkipag[/url], http://www.vmnymmxlgl.com/ kldkcsdfds

  • Rire jaune (jeudi, 03. avril 2014 23:10)

    Le Manifeste SCUM de Valérie Solanas vous a fait rire ? Vous avez un sens de l'humour un peu particulier. L'avez-vous exercé également sur le roman de Robert Merle Les hommes protégés ?
    Cette description d'un état totalitaire créé par des féministes radicales vous ferait peut-être rire, elle aussi, mais jaune.

  • Dkaffel (mercredi, 18. juin 2014 17:13)

    J'aime beaucoup le cosmétique Nietzsche

  • William Astre (samedi, 27. décembre 2014 09:21)

    J\'ai trouvé \"Toutes ces âneries sur les femmes\" très intéressant et instructifs à lire. Vous avez un sujet particulièrement dense, fouillé et travaillé.
    Le bémol que j\'y apporte tient dans son caractère didactique, qui selon moi est très prononcé. Ceci en minore de mon point de vue la théâtralité et l\'aspect scénique.

  • Peter Bu (samedi, 03. janvier 2015 11:17)

    Monsieur,

    Vous avez raison, mes Âneries sont didactiques. Le sujet y invite, mais ce n\'est pas une obligation...

    Certaines cultures théâtrales permettraient de jouer la pièce telle qu\'elle a été écrite, mais les étudiants de l’École de théâtre de Bratislava en ont fait une version frôlant le café théâtre:
    pourquoi pas?

    Dans mes commentaires sur la pièce (cf le sommaire en haut à gauche) j\'invite les réalisateurs potentiels à modifier la pièce suivant leur sensibilité, à condition de ne pas déformer son sens.

    En tout cas, merci pour votre attention.

  • Juliette Keating (jeudi, 30. avril 2015 21:14)

    Juliette Keating
    21/04/2015 - 10:53 sur
    http://blogs.mediapart.fr/blog/peter-bu

    Bonjour Peter,

    Votre pièce est amusante et très instructive quant à l'ancienneté et la bêtise récurrente des lieux communs et autres "vérités" proférées sur les femmes!

    Merci de me l'avoir indiquée.

    Cordialement,

    JK

  • Liogier Philippe (jeudi, 24. décembre 2015 18:38)

    Bonsoir ,
    Je trouve les articles et ce blog super , qui exprime tellement bien les choses qui se passent dans notre bas monde .
    Je ne dis qu'une seule chose MERCI de nous ouvrir les yeux ....

  • Paco Leonarte (dimanche, 07. février 2016 19:02)

    Cher Peter, votre pièce est très complète (trop? Même sil m'a manqué les âneries de Rousseau, mais enfin, elles sont suffisamment connues pour ne pas avoir à les reprendre) sur les âneries des hommes
    sur les femmes. Elle est très amusante. Peut-être serait-il aussi utile d'évoquer rapidement aussi ces hommes qui ont au contraire encouragé les femmes (souvent bien malgré elles, ou "contre" elles)
    à se libérer? Je crois que Voltaire ou Condorcet y auraient droit. Mais je parle de mémoire, je n'ai pas vérifié...
    Paco Leonarte

  • Sabrina de CaSeSaurait.fr (jeudi, 11. février 2016 12:51)

    Bonjour, cette pièce est très sympa, bien écrite et l'idée de ce rassemblement de femme et ce qu'elles ont à dire me plaît. D'autant plus étonnant quand on sait que c'est écrit par un homme ! Les
    hommes illustres ont jusqu'à il y a peu eu des manières ingnobles de parler de la gent féminine et s'en rappeler c'est un peu comme faire son devoir de mémoire pour l'holocauste, se souvenir que
    c'était il n'y a pas si longtemps pour comprendre que cela peut vite revenir...
    Je vous souhaite tout le succès que votre pièce mérite !

  • PB (vendredi, 12. février 2016 10:44)

    Aimables, Sabrina et Paco Leonarte hésitent à publier leurs réserves exprimées dans les courriels qu'ils m'ont gentiment envoyés.

    La critique aidant à se libérer d'une lecture trop respectueuse de textes, elle est utile. Voici donc leurs remarques (bien moins sévères que pourraient être les miennes...) :

    Sabrina (http://ca-se-saurait.fr/) :
    « J'ai jeté un œil et je trouve tout cela très sympa, bien écrit (les dialogues sonnent vrai sauf parfois, comme à l'introduction du second acte où "idoine "et les références à la peinture" font
    un peu fausses, enfin je veux dire qui parle comme cela en vrai ?), les personnages sont sympas et l'idée de ce rassemblement de femmes et ce qu'elles ont à dire me plaît.
    Seuls bémols la présentation très "physique" des personnages en début de pièce qui m'a dérangée pare qu'elle dit peu sur le mental mais beaucoup sur leur apparence, c'est paradoxal (et surtout
    dommage vu la profondeur des personnages)... »

    Paco (Francesco Leonarte http://paco.leonarte.free.fr/pos012.ht)m :
    « J'ai lu avec beaucoup d'intérêt ta pièce : j'y ai retrouvé toute l'ironie, le sourire espiègle que je te connais. J'y ai retrouvé aussi ton intelligence et ta culture.
    Par contre - et malgré les efforts de "spatialisation", de diversification des situations que tu (ou vous, parce vous êtes deux, si j'ai bien compris) fais (faites), il y a à mon goût un effet de
    "catalogue". C'est dommage. Mais ce n'est pas évident. Peut-être vaudrait-il le coup de sacrifier de larges passages (mais lesquels? le choix peut s'avérer difficile) pour arriver à introduire une
    intrigue plus "consistante".
    Ou au contraire, prendre un  autre parti-pris : assumer le côté "catalogue" jusqu'au bout, et à ce moment-là dépouiller la pièce de toute intrigue superflue. Pas de personnages différents, pas
    d'histoire de dîner, prendre ça comme un oratorio laïque - et pourquoi ne pas en effet faire appel à un compositeur qui mettrait en musique âneries ou brutalités ? Elles s'y prêtent. »

    En fait, Paco me conseille d'aérer ma pièce tout en y ajoutant d’autres « âneries »... Cela pourrait être acceptable dans la version littéraire – quant à sa représentation théâtrale, un
    texte n'est jamais que son point de départ... (A ce sujet merci de voir l'onglet « Indication de mise en scène »).

  • reduction mammaire Tunisie (jeudi, 14. mars 2019 14:03)

    Je vous remercie d'avoir partagé cette pièce. Sinon, j'ai trouvé qu'elle est un peu trop "féministe", c'est-à-dire que vous avez tombé dans l'exagération.

  • Benoît Szakow (jeudi, 11. avril 2019 13:17)

    Votre pertinent catalogue d’âneries ne manque pas de références savoureuses mais à mon avis il n'y a pas d’enjeu théâtral. C’est une conversation sans évolution dramatique.
    Il en ressort que la scène ne lui apporte pas grand chose, malgré les personnages et qu’il faudrait plutôt imaginer une forme conférencière pour le mettre en lumière.

  • PB (mardi, 16. avril 2019 18:06)

    Merci pour cet avis. J'aurais aimé que la pièce soit écrite en entier par Benoit Vitse qui est un excellent auteur mais il m'a laissé plus ou moins tomber après le troisième acte, j’ai dû la terminer moi-même.

    La pièce est peut-être destinée à être plutôt lue que jouée. D'ailleurs, une revue féministe slovaque en a édité une version courte.

    Vous pensez que la scène ne lui apporterait pas grand-chose. Évidemment j’espère que vous vous trompez mais il est vrai que jusqu’à présent aucune compagnie ne s’en soit saisie.
    Vous conviendrez que si la pièce est jouée par six jolies filles qui se moquent des hommes (dont une, de surcroit, toute nue), rien que cela attirerait des spectateurs. L’interprétation par six actrices plus âgées l’enrichirait d’une autre manière. Elle pourrait aussi être jouée par trois femmes et trois hommes, quitte à mettre dans la bouche des acteurs – ou des actrices… - des répliques « macho au féminin ». (J’en ai toute une collection.)

    Il se peut aussi qu’elle pourrait être plus facilement mise en scène en Angleterre, les Anglais aiment les « pièces de conversation ». Pour la présenter en France il faudrait six Lucchini...

    A l’onglet « Indication de mise en scène » je suggère encore d’autres solutions possibles mais, en réalité, c’est au metteur en scène d’imaginer la plus riche. Une pièce n’est qu’un support de la création théâtrale.

    Des actrices de l'Université théâtrale de Bratislava en on présenté une précédente variante, plus courte, comme exercice d'études. Elles se sont bien amusées.

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Goya "Duel à coup de gourdins"